Atomique : FCM empêchée de vendre Air France-KLM

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Atomique : FCM potentiellement empêchée de vendre Air France-KLM

Le transporteur franco-néerlandais semble vouloir mettre la distribution au pas. Après un travail d'audit de certaines agences, il vient de lâcher l'arme atomique : l'interdiction de vente de ses billets par FCM France.

Il y a un mois, le 15 novembre, nous publiions en exclusivité un article intitulé "Des TMC dans le viseur d'Air France". Nous y parlions d'un minimum de trois agences françaises dans le collimateur du transporteur national, sans les citer, soupesant la valeur informationnelle de cette révélation et le préjudice potentiel que ferait subir sa publicité.

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Des confrères américains n'ont pas eu ces préventions. Hier soir, heure française, le site The Company Dime citait l'un des noms, confirmant une information que nous avions eue un mois auparavant et une action dont nous avions pris connaissance dans l'après-midi même : le viseur d'Air France était bien braqué et la première cible est FCM France.

Court courrier

Du côté de FCM et d'Air France, le déroulé des faits converge : le 1er décembre dernier, 3Mundi, puisque c'est la raison sociale de la filiale française de l'Australienne FCM Travel, reçoit un courrier d'Air France-KLM. Il apparaît que le groupe français a audité la TMC et lui reproche de ne pas respecter ses "obligations de mandataire" (en substance, car nous n'avons pu nous procurer ce courrier). Et la sanction de tomber : dans 6 mois - le 1er mai 2023 - FCM France n'aura plus l'autorisation de vendre des billets du groupe.

Plus précisément, Air France explique que : "Dans certains contrats et à partir d’un certain volume d’affaires, ces accords peuvent inclure l’accès à des tarifs spécifiques. Il est donc primordial pour Air France-KLM que le prix accordé à une entreprise cliente dans le cadre d’un contrat soit communiqué au client de manière transparente par l’agence." En d'autres termes, il faut que les frais d'agence soit distingués du prix du billet.

En revanche, il y a divergence quant à l'interprétation de ce délai de 6 mois. Du côté de FCM : "Nous sommes en contact permanent avec Air France, nous n'avons pas vocation à nous fâcher avec le transporteur national. Nous sommes confiants quant à l'issue de nos échanges", a réagi Solenn Le Brazidec. Et la DG France de FCM Travel d'ajouter : "Notre priorité est de rassurer nos clients : pour l'instant, rien ne change et dans 6 mois, on sera toujours en mesure de distribuer des billets Air France-KLM".

Mais Air France-KLM indique : "Non : dans 6 mois leur plaque leur est retirée même s'ils se conforment dès demain à notre requête. Ces 6 mois sont accordés pour que les entreprises clientes puissent s'organiser." Atomique, donc.

Clients

Les clients, c'est le problème, et AF, dans ce bras de fer, appuie là où ça fait mal. Selon nos informations (extérieures à FCM), le groupe aérien s'appliquerait à suivre une stratégie d'étau : non seulement, si des audits révèlent, selon ses termes, des "irrégularités", la  suspension de l'autorisation de vendre peut s'abattre. Mais encore la compagnie alerte-t-elle les clients (même non audités) de l'agence jugée par elle défaillante.

Cette alerte, c'est vraisemblablement ce que sous-tend le témoignage du dirigeant d'une des autres TMC visées : "Un de nos gros clients publics a lancé un audit sur notre tarification AF. Visiblement, l'audit nous a été favorable, puisque non seulement nous avons conservé ce client mais encore a-t-il augmenté son budget de 15 M€." Mais il fait peu de doute pour ce même dirigeant que ce zèle de prudence d'un de ses clients trouve sa source dans une incitation du transporteur.

Qui et quand

On peut interpréter l'action forte d'AF sous deux angles : le choix de la cible et la temporalité. Le choix de la cible : FCM, c'est du lourd, parfait, potentiellement pour envoyer un message aux TMC plus modestes. Nous parlons donc de deux autres TMC dans le viseur d'AF. "C'est bien plus, presque tout le monde", estime un professionnel de la distribution. Du côté d'AF, le chiffre que nous avançons n'est ni infirmé, ni confirmé. Et selon nos informations, FCM France est (pour l'instant) la seule TMC à avoir reçu l'explosive notification.

La temporalité. Au 1er avril 2023, les agences business travel qui distribueront leurs billets via GDS - et non via NDC, se verront appliquer une surcharge par la compagnie. Les agences sont vent debout contre cette perspective. Le réseau Manor, par exemple, s'est récemment faite particulièrement virulente sur ce sujet, n'excluant pas d'ajouter cette surcharge au prix du billet. Tout ce que ne veut pas Air France.

> Lire aussi : NDC : Manor menace Air France

Au dernier congrès Selectour, Grégory Mavoïan, président du réseau d'agences a été invité par Laurent Abitbol, président de Marietton/Selectour. Une manière, peut-on penser, de resserrer les troupes "distribution" avant le grand combat contre le transporteur. Et le transporteur, lui, d'envoyer, à 4 mois, de l'échéance, un signal fort dont FCM France revêtirait, à son corps défendant, le malheureux costume de messager... A suivre.