Comment Amadeus n’est pas devenu Kodak

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Amadeus a faim : NDC, compagnies lowcost, Cytric et... location de voiture !
Frédéric Saunier, DG France d'Amadeus.

Lors du Congrès des Entreprises du Voyage, Frédéric Saunier, GM Amadeus France est revenu sur le choix de son entreprise de s'engager sur la voie "NDC".

[Les propos prêtés à Frédéric Saunier, GM Amadeus France, sont tirés d’une table ronde sur la fragmentation de l’offre qui s’est tenue lors du dernier Congrès des Entreprises du Voyage, et d’une conversation en marge de cette table ronde.]

Malins, ces “GDS” ! Après s’être imposés durant des dizaines d’années, avec leur système EDIFACT, dans la distribution aérienne d’hier, ils se sont rendus indispensables dans la distribution d’aujourd’hui (un peu), et de demain (potentiellement beaucoup) avec NDC.

Plus tranchant que Sabre

L'ironie est un brin injuste car cette adaptation au changement n'était pas sans risque. Quand, il y a une quinzaine d’années, l’IATA annonce le développement d’une new distribution capability, les Amadeus et Sabre, pour s’en tenir, respectivement, aux leaders européen et américain, ont une décision à prendre.

Comme tout virage technologique, ça coûte cher. Mais l’enjeu est bien plus vaste et peut se résumer à cette question cruciale : faut-il participer à un mouvement qui tend à nous mettre sur la touche, à nous contourner, à tuer notre poule aux œufs d’or (le GDS EDIFACT) ?

"La décision n’a pas été facile", se souvient Frédéric Saunier. Et quand on lui cite le risque de ”kodakisation”, il confirme : “Le cas Kodak a effectivement fréquemment été rappelé par les partisans du virage”.

Ce sont donc ces derniers, les partisans de ce qui allait devenir NDCX, la connectique Amadeus dédiée à ce nouveau mode de distribution, qui l'ont emporté. José Martinez, PDG de la TMC Amplitudes se souvient qu’il y a quelques années, chez Sabre, le sujet NDC était traité avec désinvolture : “Ça n'arrivera jamais”, lui avait-on affirmé. Depuis, l’Américain tente de rattraper son retard sur son concurrent européen.

Convaincre le marché

Mais une fois la décision prise, il a fallu que le marché l’accepte. Les compagnies aériennes pensaient qu’avec NDC, on mettait les onéreux GDS à la porte… Et les voilà reviennent par la fenêtre ! “On a mis du temps à les convaincre d’accepter que ce contenu NDC soit développé et vendu par un canal indirect. Aujourd’hui, ce sont les compagnies aériennes qui viennent nous voir”. 

Il a fallu aussi convaincre les acteurs de la distribution désireux de se connecter directement au contenu NDC des compagnies, que cette stratégie du direct connect n'était pas la meilleure. Qu’en gros, cette norme non standardisée ou ce standard aux multiples normes qu’est NDC, mieux vaut que des pros de l'IT s'en chargent…

Frédéric Saunier avoue une période de doute… Les agences, notamment les agences en ligne, étaient de plus en plus nombreuses à s’engager sur le direct connect ou à avoir recours à un agrégateur. “Mais, ils sont revenus chez nous pour NDCX, y compris des clients indiens ou chinois avec d'énormes moyens qui avaient 15 direct connect”.

Aujourd’hui, outre son activité de distribution et d’IT aériennes, Amadeus est un acteur  de l’airport IT, de l’hospitalité, du paiement ou même de la location de voiture. Histoire, aussi, sans doute, de limiter ses risques de “kodakisation”.

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