Compensations aériennes : l’Union européenne favoriserait les compagnies au détriment des passagers

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Compensations aériennes : l'Union européenne favoriserait les compagnies au détriment des passagers

Une révision du règlement sur les compensations de retard aérien est actuellement envisagée par l'Union européenne, qui affecterait rudement la protection des passagers.

En 2024, plus de 287 millions de passagers ont subi des retards et des annulations de vols en Europe, et, à mesure que le trafic se densifie, le problème risque de s'aggraver dans les années à venir. Face à cette situation, l’Union européenne s'apprête à réviser son règlement historique CE 261, qui protège les droits des passagers en cas de retard. 

Cette révision est en suspens depuis 2013, faute d'accord entre le Parlement européen, la Commission et le Conseil européen. Le sujet est de nouveau en débat au sein des institutions européennes, marqué par des divergences entre les États membres, les compagnies aériennes et les représentants des consommateurs. 

80% des retards ne seraient plus indemnisés

 

Aujourd'hui, ce règlement prévoit une compensation lorsque le retard dépasse trois heures, sauf circonstances exceptionnelles. Mais la nouvelle proposition, qui a été débattue à la fin de l’année dernière, vise à repousser ce seuil à cinq, neuf ou même douze heures, selon la distance du vol. Cela signifie que les compagnies aériennes seront désormais exemptées de verser des compensations pour la majorité des retards : un véritable cadeau pour l’industrie aérienne.

Selon Tomasz Pawliszyn, PDG de la société AirHelp, cette révision priverait plus de 80 % des passagers affectés par des retards de toute indemnisation. "Cela laisserait les passagers sans recours, sans inciter les compagnies aériennes à améliorer leur ponctualité", précise-t-il. 

Cette modification des règles, qui vise avant tout à alléger les coûts des compagnies, est donc une très mauvaise nouvelle pour les consommateurs. "La règle actuelle des trois heures est un juste équilibre, un mécanisme qui force les compagnies à optimiser leurs opérations et à mieux gérer leurs retards. En l’augmentant, on facilite la tâche des compagnies aériennes et on ignore les intérêts des passagers", poursuit Tomasz Pawliszyn.

1,17€ vs 940 milliards

Les défenseurs du règlement CE 261 craignent que cette révision fasse perdre à l'Europe son statut de leader en matière de droits des passagers. Si l’UE adopte cette réforme, elle risquerait de se faire distancer par d’autres pays comme le Royaume-Uni, le Canada ou les États-Unis, qui ont déjà intégré des pratiques similaires et sont perçus comme plus protecteurs pour les passagers.

Les compagnies n’ont par ailleurs présenté aucune donnée concrète pour étayer leurs prétentions financières. Au contraire, l'analyse d’AirHelp révèle que le coût moyen des compensations est d’à peine 1,17 € par passager. Une somme dérisoire si on la met en relation avec les bénéfices records de 940 milliards d’euros en 2024, selon l’IATA, engrangés par l’industrie aérienne.

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