Jusqu'alors, la restructuration post-Covid du marché de la distribution du business travel avait avant tout consisté en des rachats. L'annonce du placement sous la procédure de Chapter 11 du mastodonte CWT (Carlson) est potentiellement d'une toute autre ampleur...
Nous annoncions il y a 15 jours le renflouement de CWT à hauteur de 350 M$. Pour l'heure, la perspective de cette recapitalisation est mise en suspens. La TMC américaine doit en effet au préalable rembourser 900M$ sur les 1,5 milliards de dollars de dette qui plombe ses comptes.
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Autrement dit, CWT se place sous le régime du Chapitre 11. En vertu de ce dispositif légal américain, l’agence peut continuer à opérer. Cette forme de faillite qui implique une réorganisation des dettes et des actifs d'un débiteur, a déjà été adoptée par plusieurs entreprises du voyage, et du voyage d'affaires en particulier, pour faire face aux conséquences de la pandémie. Ce fut notamment le cas pour la compagnie aérienne latino-américaine LATAM, ou encore Hertz, le géant de la location de voitures.
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"Nous utilisons la procédure judiciaire du Chapitre 11 pour mettre en œuvre l'accord (de restructuration de notre dette, ndr) de manière accélérée dans les semaines à venir, tout en continuant à fonctionner normalement. Nous sommes impatients d'aller de l'avant en tant que société fondamentalement plus forte", a déclaré un porte-parole de CWT, cité par plusieurs médias anglo-saxons.
En dépit de ces propos qui se veulent rassurants, la situation de l'agence de business travel XXL n’en est pas moins préoccupante. Qu’en sera-t-il, face à cette situation, de l'attitude des fournisseurs, en particulier des transporteurs, des opérateurs de l’hébergement ou de la location de véhicules ? Mais aussi et surtout de IATA. Un certain nombre de ses BSP (ses droits à distribuer certains vols) seront-ils suspendus ? Ce dernier point est crucial puisqu'il conditionne une grande partie des revenus d'une TMC.
Quid de ses clients aussi ? On sait que les entreprises qui se lient à ce type de grandes agences de voyages bénéficient d’une clause qui leur permet de se retirer en cas de dégradation de la situation de celles-ci.
Depuis le début de la crise pandémique, la consolidation du marché de la distribution du business travel avait avant tout consisté en des rachats ou des recapitalisations.
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La fragilisation du mastodonte américain est d'une portée bien plus grande - hypothétiquement abyssale. Va-t-on assister à une redite de l’épisode Thomas Cook version business travel ? Le risque existe bel et bien. Le monde post-Covid de la distribution du voyage est peut-être en train de vivre son premier tremblement de terre.