EVP (Amex GBT) : «La crise a obligé à sortir de sa zone de confort, à innover»

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L’édition 2022 a signé le grand retour en présentiel de l’EVP, l’événement annuel d’American Express Global Business Travel (GBT). Un retour gagnant qui témoigne du vent nouveau qui souffle dans le secteur du voyage d’affaires hexagonal.

Près de 250 personnes se sont retrouvées ce mercredi après-midi dans la bucolique Orangerie d’Auteuil bordant le stade Rolland Garros, dans l’ouest parisien. Un retour en présentiel après deux années en mode virtuel, dans une ambiance conviviale. Le top management d’Amex GBT France était bien sûr sur le pont. De même que Jason Geall, le Vice-president & Regional general manager EMEA de la TMC, lequel est intervenu d’entrée pour insister sur l’engagement environnemental de l’entreprise. Et de citer le SAF (Sustainable Airline Fuel) comme meilleure opportunité d’atteindre les objectifs carbone à un horizon pas trop lointain (Amex GBT a notamment noué un partenariat avec Shell autour d’une démarche liée aux carburants d’aviation durables, ndr).

Yorick Charveriat, Vice-président et directeur général France, a ensuite cité l’un des chiffres du baromètre du voyage d’affaires (publié hier dans nos colonnes), soit 91% des clients interrogés indiquant que les voyages contribuaient au développement de l’entreprise, apportaient de la valeur. « Au sortir d’une pandémie telle que celle que nous venons de vivre, avoir une telle adhésion au voyage prouve qu’il répond à un vrai besoin, que nous avons des fondations très solides pour construire le futur« . Et de rappeler que l’on voyageait dans une démarche toujours commerciale (52% pour maintenir son portefeuille client et son activité et 47% pour trouver de nouveaux partenaires) mais aussi sociale (42% pour des réunions internes, 26% dans le cadre d’incentives et autres événements), ceci afin de renforcer les interactions humaines. Sur ce dernier point, Agnès Benveniste, directrice France & Bénélux d’American Express Meetings & Events, a d’ailleurs noté « une envolée des réunions actuellement, un rebond incroyable, au point d’avoir parfois du mal à trouver des lieux« .

La conférence a été ponctuée de tables rondes. Thème de la première : Peut-on décarboner en continuant à voyager ? Premier constat, il est difficile de mesurer sa dépense carbone, y compris sur le voyage d’affaires, ce qui explique en partie que près d’une entreprise sur deux ne le fait pas encore. « Mais il ne faut pas avoir peur de démarrer, et pas davantage attendre qu’on ait 100% des données pour se décider, ça ne marchera pas » a expliqué Jean-Pierre Maugendre, membre du Conseil d’administration du Collège des directeurs du développement durable de C3D, soulignant la nécessité pour les entreprises d’un engagement assorti d’un plan d’action.

Adrien Cannes, Responsable Consulting d’American Express GBT Consulting, a insisté aussi sur la notion de trajectoire, et relevé que les acheteurs-travel managers et les responsables RSE des entreprises interragissaient beaucoup plus qu’avant la crise, tenant davantage compte de l’urgence climatique. Sur la partie location de voiture, Bruno Diss, directeur commercial France chez Hertz, a regretté une appréhension encore forte chez de nombreux collaborateurs à l’idée de conduire une voiture électrique, un frein contre lequel on peut lutter en travaillant sur l’expérience client, a-t-il ajouté. Vincent Etchebehere, directeur du Développement Durable et des nouvelles mobilités chez Air France, a insisté sur la nécessaire transparence vis-à-vis des clients. Et précisé que le calculateur d’empreinte carbone de la compagnie délivrait depuis peu une information également par cabine. Pas évident en effet de pouvoir comparer les outils des différentes compagnies aériennes n’utilisant pas toutes les mêmes périmètres. « Une bonne nouvelle : nous travaillons dans un groupe de travail au sein de l’EASA (Agence européenne de la sécurité aérienne, ndr), afin de définir un standard commun« .

Autre table ronde : Nouvelle génération de collaborateurs : vers le « Télétravel » ? Tiphaine Galliez, directrice Consulting chez Great Place To Work, a d’abord rappelé que les nouvelles générations sont très attachées à la notion de sens dans leur travail. Laquelle s’étend aussi au voyage d’affaires. « Et cela peut aller jusqu’au questionnement du modèle économique de l’entreprise« . L’équilibre vie professionnelle-vie personnelle est aussi très important. Et le télétravail ne concerne pas toutes les entreprises de la même manière, sachant qu’il reste associé au tertiaire, à l’urbanité et à l’encadrement. Mais le télétravail en tant qu’option devient un argument dans le cadre d’un recrutement.

Se pose alors la question des réunions internes pour maintenir le lien et affirmer la culture d’entreprise. Tiphaine Galliez les recommande avec moins de monde, moins longues et avec des pauses, et surtout organisées pour une bonne raison.

Intervention de Katharina Navarro (GBTA et Capgemini) lors de la table ronde Nouvelle génération de collaborateurs : vers le Télétravel ?

Katharina Navarro, la présidente de la GBTA et Global Travel Manager de Capgemini, a interrogé pour sa part sur l’adaptation de la politique voyage aux nouveaux besoins de mobilité, afin de mieux parler à cette nouvelle génération. La TMC peut-elle devenir une MMC (Mobility Managment Company) et fournir à ses clients une plateforme unique pour l’ensemble des déplacements ? a interrogé Carole Poillerat, fondatrice-président de ComSense et animatrice de l’événement. «Je le pense en effet, en y ajoutant les espaces virtuels. Nous sommes ouverts à tout cela. Mais il faut y aller étape par étape, faire des pilotes et tester ensemble» a répondu Katharina Navarro.

Dernière table ronde : Quelle valeur donner aux déplacements professionnels ? Sophie Dautun, Manager Pôle Achats Banque de Proximité chez Groupe Crédit Agricole, est revenue sur les problématiques environnementales, indiquant qu’une note RSE comptait pour plus de 15% dans ses appels d’offre. «La question n’est pas de ne pas voyager mais de faire le juste voyage» a-t-elle ajouté, invitant elle aussi à passer trois heures sur l’atelier collaboratif «La Fresque du Climat». Agnès Benveniste a ensuite rappelé que la pandémie avait obligé à sortir de sa zone de confort, à être davantage flexible, à renégocier avec les fournisseurs. Et surtout à innover, citant en exemple la sortie prochaine par Amex M&E de son propre calculateur des dépenses de CO2 pour les événements.

La philosophe Julia de Funès a conclu la conférence – et remporté un franc succès – en nous invitant à réfléchir aux meilleures solutions pour tirer profit de ces deux dernières années de restrictions. Avant que l’événement ne se termine par un cocktail networking.