#FBT22 – Mobilité responsable : «On doit convaincre en interne»

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Le Future of Business Travel (FBT) a réuni ce jeudi des acheteurs/travel managers autour de l’engagement social et environnemental de leur entreprise. Une table ronde ayant permis d’en savoir plus sur leurs initiatives et retours d’expérience.

Comment mieux intégrer la dimension RSE et les critères environnementaux et sociaux ? La question mobilise plus que jamais les entreprises, notamment sur les questions de mobilité. « Le rôle des acheteurs est fondamental. Mais pour agir, ils doivent trouver des fournisseurs engagés, qui vont les aider à répondre à leurs besoins», a rappelé en préambule Xavier Lallement, fondateur du Cabinet Heylix et administrateur de l’APECA (Association des Professionnels Européens de la Carte d’Achat), chargé d’animer la table ronde «Mobilité responsable : la transformation indispensable des pratiques achats».

« Les achats sont le pivot des échanges car nous sommes à la fois en lien avec l’interne et l’externe. Et les fournisseurs sont la première source d’innovation » a renchéri Sarah Messaoui, Global category manager chez TotalEnergies, tout en soulignant la nécessité pour les acheteurs/travels managers d’avoir un vrai rôle de chef de projet et de chef d’orchestre. De quoi impliquer dès l’amont les différentes fonctions (achats, RH, IT, juridique, assistantes et top management) concernées dans l’entreprise. Une gouvernance associée permet en effet de gagner du temps dans l’implémentation d’une solution ou d’un service, lorsqu’on avance en équipe projet.

Sarah Messaoui a ensuite rappelé qu’une matrice RSE avait été développée au sein de son en entreprise, avec l’Afnor, qui permettait d’identifier tous les risques, pour chaque catégorie achats dont bien sûr le travel. Les administrations manifestent un même volontarisme que les entreprises sur ces questions de bilan carbone. On sait par exemple que les gestionnaires, y compris dans le secteur public, peuvent parfois inciter à prendre l’avion plutôt que le train lorsque ce dernier est plus cher sur des trajets domestiques «Mais l’Etat doit depuis mai 2021 compenser les émissions de gaz à effets de serre associés aux déplacements de ses agents. Et l’enjeu pour nous est de compenser au minimum», a souligné Noémie Bernard, Cheffe de Mission Développement durable à la Direction de l’évaluation de la performance, de l’achat, des finances et de l’immobilier, au Ministère de l’intérieur.  « Ainsi, dans le cadre des cahiers des charges liés au renouvellement de notre marché voyagiste, nous demandons à ce que soit indiqué dans l’outil de réservation le montant de la taxe carbone que nous devrons compenser l’année suivante».

Mais il n’est pas toujours facile d’évaluer la consommation de CO2, qui diffère selon les compagnies aériennes, si l’on prend un vol direct ou non, en tenant compte aussi du trajet de son domicile ou bureau jusqu’à la gare ou l’aéroport. Les différentes démarches visant à évaluer cette consommation lors des déplacements seront d’ailleurs un thème majeur des prochaines Masterclass de la GBTA cet été, a rappelé Sarah Messaoui. Au-delà du coût de mise en place de tel ou tel outil, Noémie Bernard a évoqué aussi la démarche visant à tenir compte de la notion de temps utile, qui souligne notamment le fait que l’on travaille davantage quand on voyage en train plutôt qu’en avion.

L’une des difficultés, en interne, est de mobiliser tous les interlocuteurs, y compris ceux qui tiennent les cordons de la bourse, et les utilisateurs qui eux-mêmes parfois manifestent certaines formes de résistance au changement. Cela peut notamment être le cas sur la mobilité du quotidien, quand un collaborateur est par exemple attaché à sa voiture de fonction pour une question statutaire, alors qu’il l’utilise très occasionnellement. «Nous avons lancé trois gros chantiers, désormais aboutis, qui invitent à passer de la possession à l’usage», a indiqué Sandra Lévy, Acheteur Chef de Groupe chez Metro France. A savoir l’autopartage, le vélo-partage/trottinette-partage à assistance électrique, et enfin le Crédit Mobilité «qui vient d’être lancé et marche très bien, avec une centaine de collaborateurs éligibles et 15% d’entre eux ayant déjà répondu présent». Des initiatives sur lesquels il faut communiquer, qu’il convient de faire connaître en interne, a-t-elle toutefois prévenu.

Xavier Lallement s’est félicité de telles mesures non coercitives, qui traduisent une volonté de convaincre, surtout sur une démarche RSE qui s’inscrit dans le temps long et accompagne l’évolution des mentalités. « Ces décisions doivent être personnelles. Les collaborateurs doivent avoir conscience de l’intérêt de ces démarches à titre professionnel mais aussi personnel» a confirmé Sandra Lévy, citant une notion développée à l’AFTM, la RSV pour responsabilité sociétale du voyageur.