Indice des Déplacements Eco-Responsables 2024 : coup de frein sur les mobilités durables

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Indice des Déplacements Eco-Responsables 2024 : coup de frein sur les mobilités durables
(Ph. AdobeStock)

L'Indice des Déplacements Eco-Responsables, dû à Corporate Mobilities et OpinionWay, traduit une stagnation de l'appétence des collaborateurs pour les mobilités durables.

C’est la troisième cuvée de l’IDER (Indice des Déplacements Eco-Responsables) que livre le cabinet Corporate Mobilities, associé à OpinionWay, et ce n’est pas un grand millésime. Cet indice est un algorithme basé sur l’appétence au changement de pratiques de déplacements, la politique de déplacement de l’entreprise et la fréquence des déplacements, qui mesure la maturité des collaborateurs en termes de déplacements éco-responsables (plus de détails dans l’encadré ci-dessous).

> Lire aussi : L’IDER : un indice de la maturité « éco-responsable » des voyageurs

Or, sur une échelle de 0 à 100, l’IDER 2024 est de 58, contre 59 en 2023. “Ce n’est évidemment  pas un effondrement, commente Jérôme Fouque, cofondateur de Corporate Mobilities, mais une stagnation qui interroge”. Car si on met ce résultat en perspective, on constate la rupture d’une dynamique puissante, matérialisée par un bond de 5 points de l’IDER entre 2022 et 2023 (de 54 à 59). 

“Pas une bonne période”

Pour le même, ce résultat médiocre traduit un contexte qu’il juge défavorable à la transformation des habitudes au nom de l’enjeu environnemental : “Entre l’élection de Trump, le rétropédalage sur la CSRD, et l’ADEME bashing, ce n’est pas une bonne période”. A noter que le jour où Jérôme Fouque nous délivrait ce ressenti, la Coordination rurale, particulièrement hostile aux mesures écologiques, réalisait une percée lors des élections des chambres agricoles. Preuve que la tiédeur - pour le moins - à l’égard de la transformation en faveur de la durabilité, dépasse de loin le sujet des mobilités.

Mais à cette conjoncture s’ajouteraient des freins plus pérennes : “Il y a toujours, structurellement, un triangle de l’inaction entre pouvoirs publics, entreprises et salariés, chacun attendant une initiative de l’autre, soit : un jeu à somme nulle”.

Ce commentaire se voit confirmé, en miroir inversé, par une autre donnée que révèle l’enquête. Quand une entreprise a mis en place une politique de mobilité responsable, l’IDER est de 67,8; quand ce n’est pas le cas, il tombe à… 34. Est-ce le fait de collaborateurs impliqués qui poussent la direction à prendre des mesures, ou le contraire ? L’enquête ne distingue pas entre la poule et l'œuf, mais l’essentiel est bien là : il y a interaction vertueuse entre les deux parties.

Genre, âge, CSP

En revanche, ce que l’enquête met en évidence, c’est l’influence de certaines caractéristiques exogènes qui influent sur l’IDER d’un individu. Selon les résultats 2024, le genre n’est pas une donnée très significative en la matière : si l’indice des femmes est plus élevé que celui des hommes, l’écart se limite à 1 point (58,6 contre 57,7).

Il n’en va pas de même pour les critères d’âge. L’impact générationnel est en effet 3,5 fois supérieur à celui du genre : supérieur à la moyenne (58) pour les 18-34 ans (59,2) et les 35-49 ans (59,3), il en est nettement en-deçà pour les plus de 50 ans à 55,7.

Si cette statistique n’étonne pas, le biais induit par la CSP d’appartenance réserve davantage de surprises (pour qui n’a pas suivi les IDER précédents puisque c’est une constante) : 60,1 pour les CSP “A”, 57,5 pour les CSP “B”, 56,5 pour les CSP “C”. De même, pour les voyageurs ne se déplaçant qu’en France, l’IDER est de 55,1 (en dessous de la valeur moyenne de 58) contre 61 pour les voyageurs se déplaçant à l’étranger.

L'IDER, quesako ?

La conception de l’Indice des déplacements éco-responsables (IDER) est partie d’un constat : les politiques de mobilité des entreprises sont souvent définies à un niveau trop général pour permettre la mise en place des actions appropriées pour favoriser l’eco-responsabilité.

Le credo de Corporate Mobilities, c’est que ces actions doivent être fonction de la maturité des collaborateurs sur ce sujet. La société de conseil a alors conçu un questionnaire à l'adresse d'un panel représentatif de plus de 500 voyageurs d’affaires ayant effectué́ au cours des 12 derniers mois au moins un déplacement professionnel de 200 kms ou plus et travaillant dans entreprises de 250 employés et plus.

Les résultats obtenus constituent la base de détermination de l’IDER “marché” (de 58 sur 100 en 2024).

Le questionnaire comprend deux grandes familles de questions. La première concerne le fonctionnement de l’entreprise en matière de travel. La deuxième concerne le collaborateur interrogé et est subdivisée en deux groupes : le comportement ("Combien de fois par an vous déplacez-vous à l’étranger et en France ?", par exemple) et l’appétence au changement au nom de l’éco-responsabilité ("Seriez-vous prêt à réduire votre confort ou votre classe de réservation ?", par exemple).

Passés à la moulinette d'algorithmes, les résultats déterminent un IDER par voyageur en fonction de son rapport à l’éco-responsabilité…

 

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