Les meetings sauveront-ils le déplacement professionnel ?

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Davantage de séminaires aux Etats-Unis en 2022 qu'en 2019

La plus grande atomisation géographique des salariés, observée depuis la pandémie, pourrait engendrer des déplacements pro d'un nouveau genre, notamment pour des séminaires plus fréquents, qui pourrait compenser la baisse prévue du business travel ancienne manière.

Récemment, alors qu'il évoquait les perspectives de reprise du voyage d'affaires, le DG France d'Amadeus a déclaré ceci à notre consœur de Tom.travel : "Je pense qu'il y a un vrai redémarrage du voyage d'affaires même s'il n'est plus le même. C'est surtout le MICE qui a repris car c'était le seul moyen de créer du lien. Les collaborateurs se sont installés en régions et commutent, désormais. Finalement, une nouvelle forme de voyage d'affaires s'est créée et cela demande de s'adapter".

La généralisation et l'extension du télétravail, son pendant opportuniste de flex office (engendrant, pour les entreprises, des économies en termes de dépenses immobilières), et l'éloignement du lieu de vie de certains collaborateurs du siège de leur entreprise. Tels sont les trois phénomènes boostés par la crise qui génèreraient des déplacements professionnels "d'une nouvelle forme".

Le commuting, ces longs trajets domicile-travail plusieurs fois par semaine, incluant parfois des nuitées d'hôtel. Mais aussi et surtout les déplacements induits par des séminaires plus fréquents pour compenser l'éloignement physiques des collaborateurs les uns des autres ou, du moins, les occasions moins nombreuses de se rencontrer.

Problème et solution

Nous avons interrogé Marie Coupteau, directrice de BCD Meeting & Events, à ce sujet. Considérant sa fonction, on aurait pu l'imaginer prompte à souscrire à cette perspective. Elle fait au contraire, à ce propos, preuve d'une grande prudence : "Nous sommes dans une période de transition. Les collaborateurs sont plus éloignés les uns des autres, c'et sûr... Mais la visio s'est démocratisée... en même temps qu'elle a montré ses limites".

En d'autres termes, la crise aurait créé le problème - l'atomisation géographique accrue des salariés, en même temps qu'elle aurait mis en avant sa solution - la visio. Mais cette solution a ses limites - notamment l'implication des participants à ce type de réunions distancielles. Qu'est-ce qui l'emportera, et dans quelles circonstances, entre l'acceptation des limites au nom du pratique et de l'économique, et la recherche d'efficacité et de cohésion par l'organisation de rencontres physiques ? Les entreprises en seraient encore à tâtonner sur le sujet.

Lors d'une convention de l'AFTM, il y a quelques mois, Romuald Siry, en charge des "meetings & events" chez Amex GBT, partageait avec plus d'enthousiasme et de certitudes l'augure du patron d'Amadeus. Il ajoutait même une conséquence vertueuse à cette tendance qu'il voyait poindre : "la fin de la réunionite aigüe au bureau au profit de réunions mieux préparées en amont, à l'extérieur." Car quand on loue une salle, le ROI est attendu.

> Lire aussi : Le MICE sera stratégique ou ne sera pas

Arnaud Katz, CEO de Bird Office, avait alors ajouté : "La baisse des budgets "immobilier" (due au flexoffice, ndr), combinée à celle des déplacements peut avoir pour effet de rallonger les budgets MICE". 

De là à considérer qu'effectivement "la forte reprise des événements d'entreprise peut servir de locomotive à la reprise du voyage d'affaires" il n'y a qu'un pas qui fut franchi par Romuald Siry.

Un rôle d'entrainement du MICE, pourquoi pas. Mais qui ne pourrait pas compenser une baisse par trop drastique du business travel. Car, comme le rappelle Marie Coupteau, ces séminaires d'un nouveau genre seront certainement de proximité, nationaux au mieux. Moins de voyages longs et moins de nuitées d'hôtels donc que dans le cas de la plupart des voyages d'affaires "classiques".