Les temps changent… et c’est tant mieux

573

Christophe Drezet, consultant associé au sein d’EPSA GROUPE conseille les entreprises entreprises sur les tendances du moment. Il nous livre sa vision de l’impact environnemental des déplacements d’affaires.

Le temps change, nous l’avons tous éprouvé l’été dernier avec un record de chaleur à 46°C enregistré à Vérargues le 28 juin dernier, et ce début d’année est également marqué par un climat agité. En France par de nombreuses inondations, en Australie par des incendies d’une ampleur jamais vue, 18,6 millions d’hectares sont partis en fumée.

Le dérèglement climatique est un fait avéré dénoncé par le GIEC « le réchauffement du climat ne fait aucun doute et est désormais attesté par l’augmentation observée des températures moyennes de l’air et de l’océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace et l’augmentation du niveau moyen de la mer ». Avec deux canicules estivales, des records absolus de température battus cet été et un mois de décembre anormalement doux, 2019 figure à la troisième place des années les plus chaudes jamais observées en France.

Bien sûr le phénomène est global, l’Organisation Météorologique Mondiale a fait savoir en décembre dernier à Madrid lors que la COP25 que l’année 2019 marque la fin d’une décennie de chaleur exceptionnelle, de recul des glaces et d’élévation de la mer à l’échelle du globe en raison de gaz à effet de serre produits par les activités humaines. La température moyenne mondiale a été plus élevée d’environ 1,1°C comparé à la période préindustrielle.

Sous la pression des opinions publiques, les politiques cherchent à s’engager pour enrayer les émissions de CO² notamment, c’est tout l’objet de l’Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement climatique à 2°C maximum d’ici à 2100. Malheureusement force est de constater que le compte n’y est pas, les états n’ont pas pris à ce jour les mesures permettant d’atteindre cet objectif. Associations et jeunes du monde entier, à l’image de Greta Thunberg, s’activent pour faire avancer les choses.

Face à cette situation, les entreprises s’organisent, conscientes de leur responsabilité et du bouleversement auquel elles vont devoir faire face. Nous assistons à une évolution majeure, passant d’une logique de maximisation des profits à une performance plus globale qui intègre les clients, les collaborateurs et la planète. C’est ce que le BCG appelle le passage du TSR (total shareholders return) au TSI (total social impact). La loi PACTE s’inscrit dans cette démarche en établissant que les entreprises ne se limitent pas à la recherche de profit. L’entreprise doit être le lieu de création et de partage de valeur, la loi permet ainsi de redéfinir la raison d’être des entreprises et de renforcer la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux liés à leur activité. C’est une vraie révolution.

Dans ce contexte, nous ne comptons plus ces derniers mois les interviews de grands patrons qui, dans la presse, mettent en avant de nouvelles stratégies durables, solidaires et décarbonées.

Notre industrie, celle des déplacements professionnels, à un rôle central à jouer, car l’aérien est à l’origine de 3 à 4% des émissions mondiales de CO².

Saluons d’ailleurs les actions engagées par Air France qui compense dès cette année ses émissions pour tous les vols en France métropolitaine et qui s’engage à diminuer de 50% les émissions de CO² par passager à horizon 2030. Le renouvellement de 50% de la flotte d’ici à 2025 participera de cet effort grâce à des avions nouvelle génération. Airbus construit aujourd’hui des avions plus légers et moins gourmands en kérosène et ambitionne de diviser par deux la consommation de carburant de ses avions.

Acheteurs et Travel Managers doivent également prendre part à ce combat en intégrant les nouveaux objectifs stratégiques de leurs entreprises dans le cadre de leurs appels d’offres. Pour ce faire il est indispensable de redéfinir les critères de sélection. Le sujet RSE ne peut plus être traité à la marge, il doit être au niveau des enjeux auxquels nous faisons face, 30 à 40% de la note globale doit devenir la norme et une analyse de valeur doit être privilégiée à une analyse classique du prix. C’est à ce prix que nous pourrons responsabiliser tous les acteurs et construire des relations contractuelles vertueuses et pleines de sens.

Les temps changent donc, et c’est tant mieux parce qu’il est urgent de lier déplacements professionnels et engagement durable… pour le plus grand bien de notre planète.

Christophe Drezet – Consultant Associé chez EPSA GROUPE