L’évènement durable – Green washing ou lame de fond ?

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Aujourd’hui l’évènement durable est sur toutes les lèvres. Mais qu’en est-il réellement ? Qu’est-ce que la Responsabilité Sociétale des Entreprises ? Son cadre juridique et ses applications concrètes dans le secteur du MICE ? 

Telle que définie par le ministère de la transition économique et solidaire, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est un « concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire ». En d’autres termes c’est « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable ». Dans le cadre plus spécifique du MICE, la RSE est une ligne de conduite qui vise à réduire au minimum l’empreinte d’événements et ne pas nuire aux parties prenantes, aux lieux et aux communautés concernées.

Il y a encore dix ans, le Green Washing était un écueil à éviter au risque de voir sa crédibilité en tant qu’entreprise couler à pic. Aujourd’hui, l’évènement durable est la nouvelle tendance après le digital. Obligation réglementaire pour certains, moyen de valoriser ses engagements pour d’autres, demandée par les donneurs d’ordre dans leurs consultations, la prise en compte de la RSE ne cesse de croître dans les achats de prestations événementielles.

Ainsi on s’aperçoit que les acteurs du MICE et les entreprises clientes sont de plus en plus conscients des problématiques de durabilité. Aujourd’hui, une approche RSE Globale peut apporter une véritable valeur ajoutée. En effet, les bénéfices d’une telle démarche sont encore à long terme mais bien réels :

  • (ré)affirmer son engagement,
  • réaliser un investissement économique futur (anti-gaspi, indépendance énergétique),
  • améliorer l’image de marque de l’entreprise.

Comme dans tous les domaines, cette prise de conscience sociétale s’accompagne de mesures politiques et gouvernementales de plus en plus précises et contraignantes pour les entreprises. Ainsi si le concept de Responsabilité Sociétale des Entreprises s’est construit au travers de démarches volontaires, la France s’est dotée progressivement depuis 2001 d’un cadre législatif et réglementaire qui prend notamment en compte le pilier environnemental de la responsabilité sociétale des entreprises dans le rapport extra-financier des entreprises imposé par la loi européenne. Cet ensemble de lois françaises vient donc compléter et appuyer la loi européenne qui impose aux grands groupes de démontrer leurs engagements en faveur de la RSE, notamment sur le respect des Droits de l’Homme.

De la même manière, la loi sur le devoir de vigilance vise à lutter contre toute forme d’esclavage moderne. La loi Garot adoptée en 2015 agit quant à elle en en faveur de la lutte contre le gaspillage alimentaire et la loi Sapin 2 de 2016 sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique exige de connaître et maîtriser ses risques environnementaux et sociaux. Aujourd’hui, les professionnels de l’événementiel sont soumis à un certain nombre d’obligations réglementaires, notamment le tri à la source des 5 flux de déchets produits (papier, carton, plastique, bois, métal et verre) et la feuille de route du Gouvernement pour une économie 100% circulaire d’ici 2025 présentée en 2018 compte 50 mesures pour un objectif simple : réduire de moitié les déchets mis en décharge et tendre vers 100 % de plastique recyclé d’ici 2025.

Enfin, la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) publiée en mai 2019 a mis les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de la gestion de l’entreprise. A tous niveaux, qu’ils soient internationaux (si l’on parle de la COP21 et autres rendez-vous internationaux), européens ou nationaux ; sur le plan des droits de l’homme ou de la sauvegarde de la planète et de ses ressources, les préoccupations autour du développement durable se font de plus en plus pressantes. Nous avons ici un ensemble de lois disparates certes, mais qui tend depuis une décennie à préciser un peu plus à chaque fois les contours de la RSE et les obligations des entreprises.

Et le secteur du MICE n’est pas en reste. On observe un vrai dynamisme sur la question durable avec de nombreuses normes, labels et certifications internationalement reconnus. Des programmes et collectifs mettent en place des outils de diagnostiques, des services de consulting durable et des évènements dédiés. Des publications de plus en plus nombreuses traitent de la question et des acteurs du MICE se spécialisent dans la filière durable au vu de la demande grandissante.

Côté client, la norme ISO 26000 est la norme qui définit pour toute entreprise les exigences RSE. La norme ISO 20121, intéresse plus directement le MICE puisqu’elle offre aux entreprises des lignes directrices et les meilleures pratiques pour les aider à gérer leur événement et à maîtriser son impact social, économique et environnemental. Cette norme internationale est une norme non pas de résultat mais de moyen. Dans une moindre mesure la norme ISO 14001 revendiquée par certains acteurs du MICE (notamment les organisateurs d’évènements et les traiteurs) est quant à elle est une extension de la norme ISO 9001 et prend en compte le critère environnemental dans les exigences pour la mise en place d’un système de management. De nombreuses certifications et labels sont également mis en place ou « enrichi en durabilité ».

Que ce soit d’initiative publique ou privée ces labels sont pris en compte et mis en avant comme atout commercial. Pour n’en citer qu’un, l’écolabel européen qui vise à : « promouvoir la conception, la production, la commercialisation et l’utilisation de produits ayant une incidence moindre sur l’environnement pendant tout leur cycle de vie » s’adapte très bien au secteur de l’hôtellerie et la restauration entre autres.  Certains collectifs professionnels du secteur du MICE sont très engagés dans l’évènement durable comme par exemple au niveau national le collectif Eco-évènement, porté par les associations ANAé, CSPE, FFM2E, France Congrès, FSCEF, SYNPASE et Traiteurs de France, qui  a lancé en 2012 un outil d’auto-diagnostic RSE à destination des professionnels de l’évènementiel : www.rse-evenement.org, outil plébiscité par le secteur.

A l’échelle internationale, on trouve d’autres initiatives sérieuses comme le GDS Index – ici, rien à voir avec la distribution aérienne mais plutôt avec le « Global Destination Sustainability Index » : un programme qui vise à mesurer, comparer et améliorer la stratégie et performance durable des destinations MICE. Partenaire officiel du Programme des Nations Unies One Planet et suivi par 50 destinations tourisme et MICE, ce programme fut créé en 2015 par 15 villes scandinaves en partenariat avec MCI et l’ICCA (International Congress & Convention Association). En termes de rendez-vous professionnels, évidemment le MICE durable est intégré à tous les agendas. Citons tout de même le Ouai (ex ComIn RSE) Journée annuelle de l’évènement responsable aux salons de l’Aveyron, évènement entièrement dédié à la question durable.

Les publications pleuvent, les acteurs se convertissent, la question agite toute la communauté MICE… C’est un véritable raz-de-marée !… Ou bien plutôt une lame de fond ?