L’extrême-droite au pouvoir, tout le monde s’en fout, y compris les EDV

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L'extrême-droite au pouvoir, tout le monde s'en fout, même les EDV

La France va certainement sombrer dans le lepénisme et le congrès des Entreprises du Voyage s'est très bien passé, merci.

Les plus anciens d’entre nous se souviennent de la guerre, de la honte de la défaite, des affres de la collaboration. Leurs enfants se souviennent avoir été biberonnés au culte du plus grand des "antifa" de France, Charles de Gaulle. 

Je me souviens, tout gosse, de la Marche des Beurs. Je me souviens, pas beaucoup plus vieux, du méga-concert de SOS Racisme de la place de la Concorde, qui portait alors si bien son nom. Je me souviens de la chute du Mur, de la movida espagnole, de la fin de l’apartheid, de l’incroyable perspective d’une monnaie commune partagée par des ennemis multi-séculaires.

Je me souviens que ma petite sœur s’est éveillée à la politique le 1er mai 2002, entre les deux tours de la Présidentielle, sur le parcours Bastille-Nation, pour remettre Le Pen à sa place : le local à poubelles de l’Histoire.

Je me souviens qu’en 2018, la digne héritière de son père rebaptisa le “Front national” en “Rassemblement national”. Je me souviens que ce ripolinage, première étape d’une vaste opération de “normalisation”, bénéficia d’un opportun effet de miroir inversé par la grâce d’une radicalisation d’une partie de la gauche, dûment théorisée “le bruit et la fureur”.

Aide-mémoire

Et aujourd’hui, l’extrême-droite est aux portes du pouvoir. En France. En 2024. De quoi ne nous sommes-nous pas souvenu ? Qu’avons-nous oublié ? Que le RN n’est pas un nouveau parti ? Qu’il n’est que le nouveau nom du FN ? Et que ce parti à été fondé, entre autres, par…

L’ancien caporal de la 33e division SS Charlemagne Pierre Bousquet, l’avons-nous oublié ?

Le négationniste et fasciste François Duprat, l’avons-nous oublié ?

Le collaborationniste assumé François Brigneau, l’avons-nous oublié ?

L’extrémiste “Algérie française” François Holleindre, l’avons-nous oublié ?

Pourquoi un tel édito dans un média professionnel, par nature apolitique ?

L’effet “Congrès des Entreprises du Voyage”, peut-être. J'y étais la semaine dernière et j'ai constaté une certaine insouciance quant aux élections à venir. En tout cas, pas de prises de parole publiques à ce sujet. L’obligation de neutralité imposée à une organisation professionnelle ? Comme si l’enjeu était celui d’une alternance entre gentils sociaux-démocrates et paisibles conservateurs…

Ad nauseam, cette mauvaise blague (cette stratégie, en fait) qui consiste à mettre un signe d’égalité entre la gauche (oublions le "centre raisonnable", si tant est qu'il ait existé, Macron l'a tué) au prétexte de saillies antisionistes de quelques trublions se vautrant, comme c’est souvent le cas, dans un antisémitisme mal dissimulé, et l’extrême-droite dont la haine de l’Autre (y compris du Juif, donc, ne pas se méprendre en dépit des diversions) est autant la raison d’être que le carburant. 

Thierry Marx, président de l'UMIH, est intervenu lors de ce rassemblement. Je l'ai interrogé à ce sujet alors qu'il renvoyait dos-à-dos, lui aussi, la coalition de gauche et l'extrême-droite. En me plaçant volontairement sur un terrain apolitique et très "métier" : "Les cuisines de vos restaurants, remplis de gens du monde entier, ne risquent-elles pas de se vider si... ?" Même réponse "ni-ni". De la part d'un juif polonais, comme moi, je m'attendais à autre chose. Mais j'ai vite compris...

Car évidemment, quand, au cours de discussions avec des congressistes, j'ai pu (sans grandes difficultés) faire admettre cette différence fondamentale entre ces deux blocs politiques, je me suis aperçu (sans grande surprise) que le rejet de la gauche était dû à son programme économique. Pas du tout à son antisémitisme (que soutiennent, entre autres, les affreux “anti-juifs” Lionel Jospin et Raphaël Glucksmann). 

Alors, puisque les sous, c’est l’argument qui compte, allons-y : chers acteurs économiques, chers acteurs économiques du travel qui plus est, ne comptez pas trop sur un effet d’enthousiasme de la part des investisseurs quand nous aurons notre Orban “maison” (ou pire... on ne sait jamais exactement avec l’extrême-droite, et le pari est incommensurablement risqué), investisseurs éventuellement gentils sociaux-démocrates et paisibles conservateurs. Pour eux, la France serait aussi sexy que les admonestations de Bardella à l’adresse des Trump, Netanyahou ou Poutine seraient crédibles.