Lufthansa se prépare à vendre AirPlus

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Licenciements, augmentation de capital, réorganisation... Le groupe Lufthansa a pris les choses en main pour se relever de la crise. AirPlus pourrait en faire les frais.

Dans la dernière communication du groupe Lufthansa, à destination des investisseurs, en date du 14 juin, il y a cette phrase, noyée dans un bilan extensif de sa situation financière et commerciale : "In the case of AirPlus and LSG Group, full divestitures are targeted once the market environment allows the fair value to be realized."

Dans le cas de son activité de services au sol LSG Group, mais aussi dans le cas de son service de paiement AirPlus, le groupe Lufthansa déclare donc que "des cessions complètes sont visées dès que l'environnement de marché permettra qu'elles se réalisent à leur juste valeur."

English spoken

Interrogée sur le sujet, Julie Troussicot, DG France d'AirPlus, ne nie pas que "une étude à ce sujet est menée". Cependant, considérer que la décision est prise ne serait "qu'une interprétation : c'est, pour le moment, une option".

Il faudrait donc en parler au conditionnel. Sauf qu'on relit l'update financier de la Luft et il est bien écrit "full divestures are targeted" et non "(full divestures) would/could/may/might... be (targeted)". Si l'on veut bien faire confiance au maniement de la langue anglaise par les équipes Lufthansa, si incertitude il y a, c'est sur la réussite ou le moment d'une vente d'AirPlus, pas sur la volonté qu'elle ait lieu.

A la suite du communiqué "investisseurs" de Lufthansa, AirPlus a bien senti l'utilité de pondre un communiqué à son tour : "Nous sommes conscient du fait que Lufthansa étudie une cession d'AirPlus. Aucune décision n'a encore été prise. Nous sommes confiant dans le fait que Lufthansa examinera les options attentivement et trouvera la meilleure solution possible pour AirPlus." Sans surprise, en termes de prudence communicationnelle, la langue de bois est plus efficace que la langue anglaise.

"Est-ce que" ou "quand", that is the question

Point de hiatus, en revanche, entre le communiqué Lufthansa ("dès que l'environnement de marché permettra (que les cessions) se réalisent à leur juste valeur.") et la réaction que Julie Troussicot nous a réservée : "Le groupe Lufthansa a pris les décisions pour assainir et sécuriser sa situation. Il n'y a donc pas d'urgence, cela se ferait si c'est profitable pour Lufthansa et AirPlus". Rien ne presse donc, sauf que des choses peuvent se passer "dans quelques semaines", modère-t-elle.

Dans une récente interview, Julie Troussicot affichait la volonté d'AirPlus d'étendre son expertise et son savoir-faire dans le domaine des achats de voyages à d'autres secteurs du procurement. Une diversification dont la pertinence se justifierait d'autant plus si la solution de paiement devait, à l'occasion de sa cession, s'éloigner - en termes capitalistiques, du moins - du monde de l'aérien.

> Lire aussi : "Ce qu'on sait faire dans le voyage, on veut le faire dans le procurement"

L'entreprise fournisseur de moyens de paiement a géré 4,8 Mds € de voyages en 2020, et 16,5 en 2019. Elle emploie quelque 1.150 collaborateurs. Depuis 1989, sa raison sociale est : Lufthansa AirPlus Servicekarten GmbH. Jusqu'à quand ?