Le périple incriminé, reliant la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l'Allemagne, a duré 72 jours.
Gianluca Grimalda, c’est le nom du premier salarié licencié pour avoir refusé de prendre l’avion dans le cadre d’un déplacement professionnel… et le premier à avoir perçu une indemnité pour licenciement abusif, selon le média Reporterre.
Le cas de ce chercheur en psychologie sociale italien de 53 ans est extrême : il a parcouru 28.000 kilomètres à travers seize pays, pour revenir en Europe après une mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ce boycott de l'avion avait fait fi des exigences de son employeur, l’Institut pour l’économie mondiale (IfW) qui le sommait d’être présent à Kiel (Allemagne) dans les 5 jours.
Son périple retour (en train, cargo, ferry, bus et voiture) a finalement duré… 72 jours. Licenciement. Puis recours au Tribunal du Travail de Kiel qui considère la faute grave comme non constituée. Le requérant avait plusieurs arguments à faire valoir : sa présence à Kiel n’était essentielle, il travaille durant ses déplacements lents (et donc longs), il paie les surcoûts de sa slow motion (notamment les visas), mais, surtout, son employeur considérait jusque là sa façon de voyager avec bienveillance, allant même jusqu’à l’utiliser à des fins de communication.
Des émissions de CO2 divisées par 10
A noter, en outre, que ce choix fait par le chercheur n’a rien d’une posture ou d’un gadget en termes écologiques. Ce dernier estime en effet que son voyage retour aurait rejeté dix fois moins de CO2 dans l’atmosphère : 500 kg contre 5.000 (les émissions moyennes d’un individu en un an), s’il avait pris l’avion.
Ce 10 janvier, l’instance d’appel du Tribunal du Travail de Kiel a donc reconnu comme abusif le licenciement subi. L’accord trouvé entre l’IfW fixe une indemnité dont le montant n’a pas été communiqué mais on sait qu’il est d’au moins 75.000 €, puisque c’est la somme qu’en prélèvera Gianluca Grimalda pour versement à des associations écologiques.
Pourtant, ce verdict n’est qu’une “demi-victoire”, confie le chercheur au journal Le Monde puisqu’il exempt son employeur d’une obligation de réembauche en raison d’une “incompatibilité des convictions idéologiques des parties”. Depuis lors, Gianluca Grimalda n’a pas retrouvé de poste académique. Mais fort de la décision de justice dont il est l’objet, il entend faire de son cas un outil de prise de conscience.