Quand Le Monde fait le point sur le voyage d’affaires et le MICE à l’heure du Covid…

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Le quotidien du soir a consacré en début de semaine un long article au voyage d’affaires, intitulé « Tourisme, événementiel, transports… Le blues du voyage d’affaires amplifié par la crise due au Covid-19 ». L’occasion, pour le journal, de dresser le bilan et les perspectives des secteurs du MICE et du business travel en France à l’heure de la pandémie.

«C’est la débandade». Corinne Menegaux, la directrice générale de l’Office du tourisme et des congrès de Paris, n’a pas mâché ses mots, dans l’article du Monde, au regard de l’annulation de quelque 800 salons et congrès se tenant habituellement dans la capitale, conséquence de la pandémie de Covid-19. «En 2020, 80% des événements ont été annulés ou reportés» en France, a confirmé sans surprise Frédéric Pitrou, le délégué général de l’Unimev (Union française des métiers de l’événement). «La baisse de l’activité en 2020, constatée par les entreprises clientes de l’industrie du voyage d’affaires, est estimée entre 60% et 70%», a pour sa part indiqué Michel Dieleman, le président de l’AFTM (Association française du Travel Management).

Sébastien de Courtivron, directeur régional pour l’Europe de l’Ouest du Radisson Hotels Group, a de son côté témoigné de sa déception ces dernières semaines, au regard de l’impact de la seconde vague, alors que la clientèle affaires – très importante sur les segments 4 et 5 étoiles – était progressivement revenue dès juin dernier.

Coté transport, le bilan n’est pas meilleur. Le quotidien cite les chiffres d’Eurostat, selon lesquels la SNCF estime à «-70 %» la chute de la clientèle affaires en novembre 2020 par rapport au même mois de 2019. La situation est pire encore pour les compagnies aériennes.

A quand la reprise? «Certains commencent juste à se rendre compte qu’elle ne va pas arriver tout de suite », souligne Corinne Menegaux. La vaccination doit permettre d’endiguer la pandémie mais cela va prendre encore des mois. Michel Dieleman a ainsi souligné le manque de visibilité du secteur, et table sur une reprise des déplacements professionnels à hauteur de 50 % sur les six premiers mois de 2021 : «Les entreprises sont prêtes à revoyager, tout dépend des règles sanitaires et des restrictions imposées aux frontières» déclare-t-il au quotidien.

La pandémie a toutefois un impact difficile à mesurer sur le futur des voyages d’affaires et réunions en présentiel. Elle accélère certaines mutations, et notamment la digitalisation, sans qu’on sache encore quelle sera demain la place des visioconférences et autres événements virtuels et hybrides.

Les restrictions budgétaires liées aux difficultés de nombre d’entreprises devraient avoir aussi un impact sur les déplacements professionnels. Les voyages indispensables devraient être privilégiés. Et nombre d’entreprises pourraient bien avancer des raisons environnementales pour justifier cette restriction. Le quotidien cite en exemple la Caisse des dépôts, laquelle a mis en place une charte qui demande à ses collaborateurs de privilégier le train pour les trajets réalisables en moins de trois heures.

Bref, la technologie associée aux questions économiques et RSE pourraient avoir des effets durables sur les différents segments du déplacement professionnel, y compris sur la mobilité du quotidien. Et Le Monde de citer lui aussi les propos du Pdg du groupe L’Oréal, Jean-Paul Agon, dans les colonnes des Échos en juin dernier, estimant que les voyages d’affaires pourraient diminuer «de 30 % à 40 %». Le choc serait violent et durable dans le transport aérien, alors que «les 20 % de voyageurs d’affaires peuvent représenter jusqu’à 80 % de la marge des grandes compagnies aériennes», comme l’a rappelé Didier Bréchemier, associé au cabinet Roland Berger.

Le quotidien a souligné aussi le risque à plus long terme, pointé par certains observateurs, d’une relative surcapacité hôtelière dans les catégories d’hôtels haut-de-gamme. A l’heure où une partie des événements bascule en partie ou totalité en digital, la concurrence entre les centres de congrès pourraient bien s’accentuer également, d’autant que l’offre est déjà conséquente et que des projets d’ouverture sont prévus dans les prochains mois et années. Michel Dieleman s’est avancé à prévoir l’avenir à plus ou moins long terme du voyage d’affaires : «Il va forcément y avoir une réduction des déplacements en avion (…). A l’issue de cette crise, on va avoir envie de revoyager, mais différemment».