Retour des commissions : la croisade de Selectour et Havas Voyages

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Retour des commissions : la croisade de Selectour et Havas Voyages

Le Congrès Selectour a été l'occasion d'une offensive des dirigeants de la marque à l'hippocampe et de Havas Voyages, en direction des compagnies aériennes, pour un retour des commissions... Qui s'est transformée en passe d'armes quand le patron de French Bee et Air Caraïbes leur a répondu.

Le président de Marietton (Selectour et Havas) Laurent Abitbol est en croisade : le retour des commissions des compagnies aériennes en direction des agences de voyages, "ça va être ma bataille pour les trois années à venir", a-t-il prévenu, vendredi dernier, lors du discours inaugural du congrès de son groupe, à Hammamet (Tunisie). 

Dans une supplique aux airlines, il s'est écrié : "Nous avions à l’époque une commission de 7% quand on vendait un billet. Redonnez (-la) !" Reprenant une analyse de certains spécialistes, il a poursuivi : "Certains considèrent que les compagnies françaises devraient augmenter leur billet de 100€ pour s'en sortir. Eh bien augmentez de 150€ et les agences seront là" pour vendre vos billets au prix fort. Et d'appeler Air France à donner l'exemple...

C'est avec une certaine truculence mais non dénuée de menace qu'il a poursuivi : "Sinon on va investir dans les compagnies", sans préciser si ce "on" désignait son seul groupe ou les acteurs importants de la distribution en général. 

"Mendiant"

Une vision que d'aucuns jugeront passéiste à l'heure où les compagnies en sont à investir dans les NDC - "Je n'ai toujours pas compris ce que c'était", a précisé Laurent Abitbol - totalement assumée par le même : "Ce sera la belle vie comme il y a 25 ans".

Quelques heures plus tard, c'était au tour de Christophe Jacquet d'enfoncer le clou. Rappelant son passé chez Dior, il affirma que lui, en dépit de la force de sa marque, soignait les Sephora et autres distributeurs. Sous-entendu : que les compagnies fassent de même avec les agences. Si ce retour de la commission n'advient pas "ça va poser un problème", a-t-il prévenu sans plus de détail. Et de conclure, amer : "J'ai l'impression d'être un mendiant".

Contre-attaque

Dans la salle, Henri de Peyrelongue, DG adjoint d'Air France-KLM, sponsor de l'événement et attendu sur scène devait apprécier... Mais c'est Marc Rochet qui répondit à distance à Laurent Abitbol et Christian Jacquet, dans une conférence consacrée aux compagnies aérienne françaises « challenger ».

Le patron d'Air Caraïbes et French Bee n'a pas failli à sa réputation d'homme au franc parler. Sur cette augmentation du prix des billets d'avion et de retour au versement de la commission il s'est montré ironique : "C'est bizarre, personne n'y avait pensé avant !". Puis sentencieux quand il a rappelé que son vœu était que le plus grand nombre puisse voyager (pour, en substance, la paix entre les peuples, "plutôt que des guerres qui coûtent beaucoup plus cher"); puis cinglant : ce que touche les agences par les GDS, c'est de l'argent qu'ont versé les compagnies; puis menaçant : la hausse des prix de l'aérien, ajoutée au retour de la commission "ferait le lit des Google et des Airbnb (...) beaucoup plus puissants que les compagnies aériennes, distributeurs et tour-opérateurs : il y a des loups en dehors de la bergerie et ils sont très féroces." Ambiance.