La crise sanitaire mondiale due à la pandémie du nouveau coronavirus amène les entreprises, tout secteur confondu, à revoir leur modèle et leurs politiques en interne. Si la RSE est depuis plusieurs années soumise à un cadre législatif et réglementaire, en France, cette nouvelle crise pourrait en accélérer l’évolution et inciter les entreprises à revoir certaines de leurs directives, notamment en matière de voyage d’affaires.
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) également appelée responsabilité sociale des entreprises est définie par la commission européenne comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. « L’approche de reporting RSE réglementaires européenne est articulée depuis deux ans dans une approche par les risques. Elle est plus que jamais pertinente en ce temps de crise », explique Pauline Gaillot, co-fondatrice et Présidente de l’agence Ici&Demain, spécialisée dans le reporting RSE. Plus que jamais les entreprises sont en effet aujourd’hui obligées de revoir ou de modifier la cartographie des risques et de mettre en place de nouvelles politiques pour les maîtriser. «Cela va demander encore plus d’agilité et de compréhension pour les entreprises. Il sera alors indispensable de comprendre ce qu’il se passe région par région à l’intérieur des pays et d’avoir plus de ‘finesses’ dans la compréhension de ces risques. Une qualité indispensable pour gérer la mobilité à l’international à l’avenir », ajoute Philippe Guibert, directeur médical régional d’International SOS.
Un « must-have » lors des appels d’offres
Les politiques RSE vont-elles donc être amenées à évoluer après une année 2020 marquée par une pandémie mondiale et une crise économique sans précédent ? Pour Béatrice Eastham, fondatrice de Green Evènements, c’est une certitude : « Il y a eu dans un premier temps un effet de sidération avec un arrêt total des activités pour de nombreux marchés, dont le MICE. Cet effet de sidération passé, la RSE va peu à peu s’ancrer dans les consciences des entreprises de par le contexte. A moyen terme, une bonne politique RSE va devenir un ‘must-have’. Dans les appels d’offres, avant, c’était un élément différenciant, demain ce sera un élément obligatoire ». Pour Pauline Gaillot, les politiques RSE vont évoluer pour mieux prendre en compte le risque lié aux épidémies : « Avec cette crise, on peut s’attendre à ce que les entreprises du secteur du travel revoient notamment des politiques RH et clients : l’accueil des clients, la politique santé-sécurité des salariés, leurs politiques de télétravail, leurs plans de déplacement entreprise, etc. ».
Mais au-delà des politiques internes cette crise est une manière de replacer l’expertise médicale au centre des risques, selon Philippe Guibert : « Cela fait des années que nous mettons en garde sur les risques épidémiques et cela n’a jamais été réellement pris en compte. La crise du Covid-19 va redonner du poids à l’expertise médicale et plus largement amener les entreprises à repenser la question du bien-être au travail et davantage se préoccuper de la santé des employés, plus particulièrement pour ceux dont les déplacements professionnels sont réguliers ».
A chaque crise ses nouvelles législations
Mais ce changement sera-t-il accompagné de nouvelles réglementations et directives européennes, voire internationales ? « En matière de RSE, les crises n’assouplissent pas les réglementations… Elles les provoquent ! », déclare Pauline Gaillot. Pour Philippe Guibert, les législations vont en effet évoluer afin de responsabiliser davantage l’entreprise. Lors des déplacements professionnels, plus que jamais, les sociétés devront assurer la chaîne de prise en charge de « bout en bout ». Une chose est certaine, il n’y aura pas de retour en arrière en matière de RSE. La crise liée à l’épidémie du coronavirus va, à contrario, accélérer et renforcer les prises de décisions en matière de responsabilité sociale et extra-financière.
Un changement à deux vitesses
Selon Béatrice Eastham, le changement se fera néanmoins à deux vitesses : « Si cette crise va renforcer les exigences des organisateurs d’événements en matière de certification, la réalité économique post-crise fera que certaines sociétés ne pourront pas réinvestir tout de suite, faute de trésorerie. En revanche, même pour celles qui n’avaient rien mis en place jusqu’à présent, cette période nous a permis d’avoir du temps. Ce temps, certaines ont pu le mettre à profit pour enclencher les premiers process. Dans tous les cas, l’avant et l’après se feront en plusieurs phases mais une chose est certaine, l’événementiel français n’en sortira que grandi et nous allons devoir apprendre très rapidement ».
Pour Philippe Guibert, cette crise s’inscrit totalement dans ce qu’est la responsabilité de l’entreprise. Comment apprendre à gérer une crise qui dure ? « Cela ne peut être que bénéfique car nous allons reprendre les fondamentaux en matière de gestion des risques et de mobilité internationale. Le voyage professionnel va être reconfiguré et la nécessité du déplacement repensée ».