Sécurité des voyageurs : Amarante et Deveryware lancent HAVN

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Amarante International est spécialisée dans le conseil en sécurité, analyse de risques et gestion de crise, Deveryware est un expert du développement de plateformes logicielles dédiées à la sécurité. Les deux entreprises viennent de sceller un partenariat stratégique ambitieux. Elles lancent ensemble une nouvelle solution «disruptive» dédiée à la sûreté des collaborateurs et voyageurs d’affaires, baptisée HAVN. Interview croisée d’Alexandre Hollander, fondateur et président d’Amarante International, et d’Alain Vernadat, directeur général de Deveryware.

Pouvez-vous nous présenter vos sociétés ?
Alexandre Hollander : Amarante est une société de services de sécurité et de conseil, créée en 2007. Nous sommes aujourd’hui le leader européen de la gestion de la sûreté à l’international. Nous employons environ 1 500 personnes dans nos 22 filiales opérationnelles aux quatre coins du monde, sans compter les prestataires locaux avec lesquels nous avons noué des partenariats.

Notre vocation est d’accompagner les entreprises dans la protection de leur patrimoine, qu’il s’agisse de leurs biens, de leurs collaborateurs, de leurs informations sensibles ou de leur intégrité. Amarante est rapidement devenue une référence pour le secteur, en particulier sur ses principales zones géographiques d’expertise, le long d’une diagonale sur laquelle nous intervenons le plus souvent, Amérique latine, Afrique, Moyen-Orient et Monde Russe. Aujourd’hui, ce métier de la protection doit être pour une part digitalisé. Nous rencontrons en effet une complexité croissante dans la gestion des problématiques de risques et de vulnérabilité, une difficulté toujours plus importante à trier les informations que doivent absorber les directeurs sûreté et directions générales. Nous sommes absolument convaincus de la plus-value de la technologie dans ces métiers de conseil et d’accompagnement.

Alain Vernadat : Deweryware, créé en 2003, est une entreprise française basée à Paris et détenue par ses fondateurs. Nous comptons aujourd’hui 130 collaborateurs et sommes présents en Europe, Afrique, Amérique du Sud. Nous sommes l’expert des technologies d’investigation et des services pour la sécurité globale. Nous servons la sécurité des États, des entreprises et des populations par des technologies numériques innovantes et des solutions à haute valeur ajoutée. Notre activité la plus emblématique est la géolocalisation de téléphones portables pour l’État français, policiers et gendarmes, pour retrouver des personnes disparues ou en fuite, dans le cadre d’enquêtes. Notre métier, c’est aussi la sécurisation des infrastructures, et bien sûr nos applications mobiles que nous ne cessons de développer. Nous comptons un certain nombre de filiales, des sociétés dont nous avons pu faire l’acquisition car elles apportaient des compétences et techniques complémentaires, OAK Branch sur l’IA et l’analyse de données massives, Resiliency pour ses outils de gestion de crise, Tracip sur l’investigation numérique, ADN et recherches de preuves.

HAVN

De quel(s) constat(s) êtes-vous parti pour nouer ce partenariat ?
Alexandre Hollander : Nous avions d’un côté une société spécialisée dans le contenu informationnel et les services, et de l’autre une entreprise spécialisée dans la création de contenant. Nous sommes sur une synergie très forte entre deux métiers, dans une relation qui s’inscrit dans la durée. Sur cette problématique de protection des entreprises, notre rapprochement permet de créer des outils disruptifs et des solutions en commun. Il offre aux entreprises de nouveaux services, leur permet d’optimiser leurs capacités de pilotage et de contrôle, d’anticiper la gestion de crise… Nous sommes partis d’une vision commune des besoins et des risques, dont le spectre ne cesse de s’élargir. Les outils de sûreté doivent évoluer au même rythme que les besoins de nos clients. Nous pouvons dès aujourd’hui présenter un premier module baptisé HAVN, centré sur la protection des personnes, avec des données particulièrement protégées.

Alain Vernadat : Ce partenariat est particulièrement stimulant pour Deveryware. Il nous permet, grâce à nos expertises en matière de géolocalisation, d’infrastructures à haute disponibilité et de design de services, de compléter le savoir-faire d’Amarante en gestion de la sûreté à l’international. Nous apportons ensemble des nouvelles réponses aux enjeux d’information et de protection en matière de déplacements professionnels.

Parlez-nous de votre nouvelle solution commune, HAVN…
Alexandre Hollander : Cet outil capitalise sur l’expertise de Deveryware en matière de géolocalisation / geofencing, et sur l’expérience d’Amarante en anticipation des risques. Il met à la disposition des décideurs et collaborateurs – dont les voyageurs d’affaires – une gamme de fonctionnalités leur permettant de s’informer (guides pays, alertes en temps réel, fiches pratiques), de communiquer (hotline sûreté 24/7, « panic button », messagerie intégrée) et de superviser (suivi automatique des voyageurs, validation des déplacements). Nous veillons à adapter sa technologie aux besoins des entreprises, notamment pour le géofencing, différent de celui dédié aux forces de police. Idem pour l’intelligence artificielle.

Quid de la place du mobile dans la nouvelle solution ?
Alain Vernadat : Le smartphone est bien sûr le support de l’application. Il est très important en voyage et peut être le capteur d’un grand nombre d’informations pendant le déplacement. Mais il n’est qu’un des points de contact d’une chaîne de services qui démarre en amont, par exemple lors de la préparation du voyage et de la formation aux risques.

Quelles sont aujourd’hui les principales préoccupations des entreprises quand elles envoient des collaborateurs à l’étranger ?
Alexandre Hollander : Elles étaient déjà auparavant très sensibilisées aux problématiques de protection de leurs collaborateurs. Cette préoccupation est toujours aussi importante aujourd’hui, surtout dans le contexte de crise sanitaire. Mais deux autres menaces inquiètent beaucoup les entreprises. Et d’abord la protection des informations détenues par le collaborateur, avec des données d’autant plus sensibles quand son poste est élevé dans la hiérarchie. Sur ce point, il y a une prise de conscience du fait qu’on ne peut pas voyager dans certains pays sans que son ordinateur ne soit protégé. Et ce n’est pas seulement un problème de cybersécurité, l’information sensible peut aussi circuler sur support papier ou dans des clés USB. L’autre sujet qui vise notamment les grands groupes, c’est la très grande agressivité de représentants d’États cherchant à mettre en cause des entreprises concurrentes de leurs sociétés nationales, en s’appuyant notamment sur l’éthique et les problématiques de corruption.

Les situations sont bien sûr différentes selon les pays. Au Nigéria par exemple, la menace porte surtout sur l’intégrité physique du collaborateur et la valeur de ses biens personnels. Dans d’autres pays en revanche, si vous laissez votre ordinateur dans votre chambre d’hôtel, vous pouvez être sûr qu’il sera ouvert. En fonction du lieu de votre déplacement, et de votre fonction, notre mission est de pousser la bonne information et le bon conseil à la bonne personne et au bon moment.

Sur le volet sanitaire, disposez-vous de l’information nécessaire aujourd’hui ?
Alexandre Hollander : La question sanitaire a pris le pas ces derniers mois sur toutes les autres problématiques sécuritaires. Pour avoir des réponses encore plus complètes sur ces questions, nous avons aussi le projet de nous associer ponctuellement ou systématiquement à des sociétés d’assistance. Il faut toutefois préciser que beaucoup de grandes entreprises ont des solutions différenciées entre la partie sanitaire et la partie sécurité.

Localiser rapidement ses collaborateurs est important, surtout en temps de crise…
Alain Vernadat : C’est notamment l’intérêt du travail effectué par notre filiale Resiliency conjointement avec Amarante sur la partie gestion de crise. Resilliency a beaucoup travaillé sur ces sujets pendant l’épidémie de Covid, avec une dimension tableau de bord dans la gestion du personnel. Et le nouvel outil va aider à mieux intégrer cette dimension.

Quid de votre approche du marché des agences de voyages d’affaires ?
Alexandre Hollander : Nous arrivons avec modestie sur ce marché où sont déjà présents d’autres acteurs. Au regard des solutions actuellement proposées, centrées sur les voyages dans des zones à risques, nous espérons convaincre avec une vision plus large et plus ambitieuse. Notre contenu se veut plus riche, plus interactif, plus facile à appréhender. Nous nous lançons d’abord sur le marché français, que nous connaissons bien, où l’accueil est déjà très positif.

Alain Vernadat : Mais nous n’aurons pas de difficultés particulières, sur le plan technique notamment, à internationaliser notre offre. C’est de toute façon une obligation quand on travaille avec de grands groupes présents dans de nombreux pays.

Votre partenariat peut-il déboucher sur un rapprochement plus étroit entre vos deux entreprises ?
Alexandre Hollander : Si notre initiative fonctionne bien, elle devrait en effet déboucher sur la création d’une société commune pour développer les produits supports, et travailler ensemble sur d’autres thématiques. Nous avons une vision claire et un agenda maîtrisé.

Alain Vernadat : Nous accompagnons aujourd’hui surtout de grandes entreprises, les plus avancées sur ces questions de sécurité. Or, les problématiques se posent aussi aux sociétés de plus petites tailles, au regard également de l’évolution des pratiques de compliance.

Percevez-vous une évolution des menaces qui pèsent sur les entreprises ?
Alexandre Hollander : Les menaces sont extrêmement diffuses. Dans certaines régions par exemple, on voit resurgir aujourd’hui de vrais conflits larvés ou à plus forte intensité, de type guerre froide. Mais nous entrons aussi et surtout dans une période trouble sur le plan économique. Et des conflits sociaux aigus peuvent surgir partout dans le monde, y compris en France. Nos outils doivent permettre de hiérarchiser le niveau de la menace, d’identifier la vulnérabilité et les risques qui pèsent sur les entreprises, de leur proposer des outils abordables au regard de leurs moyens et de leurs capacités en interne.