Traveldoo sur le banc, faire entrer les remplaçants

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Traveldoo sur le banc, faire entrer les remplaçants

L'OBT français Traveldoo cessera ses activités à l'été 2023. Ou avant pour certains de ses clients. C'est, pour tous, la période du grand remplacement.

"Je ne peux pas ouvrir ma boite mail sans tomber sur un appel d'offres". La remarque de ce patron de TMC française résume bien la situation dont nous nous faisions l'écho il y a quelques semaines : durant cette rentrée 2022, les AO se ramassent à la pelle. Des contrats arrivés à échéance et laissés en stand-by à la faveur de la pandémie expliquent cette recrudescence de challenges, c'est une réalité à tout le moins européenne.

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Mais une autre donnée - française avant tout - vient enrichir la liste des RQI/RQP qui tomberaient donc comme feuilles en automne dans les boîtes mail des fournisseurs/distributeurs de voyages corpo : la fin prochaine de Traveldoo. Annoncée en exclusivité par DeplacementsPros en avril dernier, la liquidation de l'ex-pépite tech française trouvera son terme au début de l'été 2023.

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Dès lors, pour les utilisateurs de la future défunte solution, il s'agit d'agir vite. Ces utilisateurs ne sont pas des voyageurs à la petite semaine : il y a(vait), comme clients de Traveldoo, des institutions publiques XXL et de nombreuses entreprises, dont certains résidents permanents du CAC 40 au nombre desquels Total Energies ou L'Oréal, ou quelques marques emblématiques, telles qu'Hermès. Pour ces derniers, pas de soucis : l'information circule, le staff est là pour lancer des AO ou conclure des accords de gré à gré avec des solutions de rechange.

Planning serré

En revanche, pour Anthony Poirier, partenaire du cabinet Oxys Odyssey : "Certains clients, PME et PMI, n'ont toujours pas lancé les procédures pour remplacer Traveldoo. Il est déjà presque trop tard pour eux, il faut qu'ils se bougent !"

Car le planning est effectivement serré. Si Traveldoo a annoncé que ses équipes assureraient le support client jusqu'en juillet 2023, il ne s'agit là que de la date ultime. Selon nos informations, Traveldoo clôt ses comptes clients au fil de l'eau, de façon échelonnée. Et si l'été constitue bien la dead-line de son activité, la liste des premiers clients laissés sur le carreau (à défaut de remplaçant) devrait éclore avec l'arrivée du printemps : dès le mois de mars 2023.

Pour les moins prévoyants comme pour les entreprises sur le pied de guerre à ce sujet, en magasin, il n'y a pas cinquante options de substitution. En gros : Concur, le Cytric d'Amadeus, KDS et Goelett. Directeur général de cette dernière (ex-Rydoo Travel rebaptisée depuis sa récente acquisition par CDS), Pierre Mesnage confirme que la fermeture de Traveldoo secoue le landernau : "En une vingtaine d'années sur le marché, Traveldoo a eu le temps d'essaimer, avec son coup d'avance technologique et ses accords avec Amadeus, Sabre, Notilus..." Mais relativise l'urgence : "Ca se migre assez bien. Ca dépend du client, évidemment, mais entre Traveldoo et Goelett, il ne faut pas plus de quelques semaines".

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"Et les TMC sont forces de propositions, elles sont généralement multi-produits", ajoute Pierre Mesnage. Car oui, il y a les clients directs de Traveldoo et ceux via des GRA (General resaler agreement), comprendre : ceux qui utilisent Traveldoo via leur TMC. Certaines agences sont - étaient - des revendeurs actifs de la solution.

Direct ou via un GRA

C'est le cas de CWT. Environ 30% du portefeuille clients français du géant américain utilisaient le futur ex. Stéphane Birochau, son responsable EMEA : "Dans ces conditions particulières, nous avons mis, autour de notre solution Mycwt, un plan de contingence au cas où il y aurait des défaillances de Traveldoo d'ici l'été 2023. Mais nous respectons nos contrats de revendeurs de la solution et nous respectons les processus d'achat de nos clients".

Ce que dit aussi Stéphane Birochau c'est que certains clients directs de Traveldoo réfléchissent à la pertinence d'un tel modèle. Pour éventuellement se reposer sur leur TMC dans la relation contractuelle avec l'éditeur de la solution qu'ils utilisent. L'inverse est vrai aussi.

Le même de conclure : "Dans ce remplacement, ce qui détermine le choix, c'est l'ergonomie, l'intégration plus ou moins complète dans les ERP, la finesse de la gestion "notes de frais", l'expérience utilisateurs...". Toutes choses qu'il n'est pas forcément aisé de mesurer au débotté. Pourtant, lors de la dernière convention de l'AFTM, Guillaume Ridolfi, de chez SAP Concur, reconnaissait en substance que si la période était au challenge serré pour les fournisseurs, dans le cas d'anciens utilisateurs de Traveldoo, l'achat d'une nouvelle solution se faisait plutôt dans l'urgence... Comme quoi, le regret que constitue pour de nombreux acteurs du travel la fin d'une entreprise française majeure crée de belles opportunités pour beaucoup d'autres.