Tribune – Les TMC travaillent-elles suffisamment avec les startups ?

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Tribune - Les TMC travaillent-elles suffisamment avec les startups ?

Alexandre Veau est un acteur international reconnu pour sa gestion de projets transverses dans le domaine du voyage d’affaires. Créateur de VITA Consulting, société de conseils spécialisée dans la création d’environnement de voyage d’affaires performant, il apporte ici une vue sur la collaboration entre les TMC et les sociétés nouvelles de technologie.

Le covid et la volonté de plus en plus forte des entreprises de se tourner vers un voyage d’affaire plus écoresponsable ont accéléré les besoins d’une gestion différente des déplacements professionnels. Le voyageur d’affaires qui n’attendait de son agence que des avions, hôtels ou locations de voiture aux meilleurs prix, c’est fini. Ce qu’il veut désormais, c’est un vrai accompagnement tout au long de son expérience, pré et post réservation. De même de la part de son employeur qui souhaite son bien-être, sa sécurité, le respect de la politique voyage, tout en contrôlant les coûts et l’impact écologique de ses déplacements.

De nombreux rapports récents illustrent ce changement de paradigme. FCM a, par exemple, partagé que 73% de ses clients veulent un vrai outil de duty of care, 71% une solution de suivi de leur empreinte carbone. Le rapport d’Amadeus va dans le même sens, et met en avant la nécessité d’avoir une solution facile de gestion des imprévus. 71% des TMCs sondés confirment que la technologie est le moyen de répondre à ces besoins. L’objectif : plus de confort pour que les voyageurs d’affaires reprennent la route. 

Dans ce contexte, le client se tourne naturellement vers sa TMC, en tant que partenaire privilégié pour la gestion de ses déplacements professionnels. Sont-elles en capacité de répondre à ces nouveaux besoins ? Travaillent-elles suffisamment avec ces nouveaux acteurs créateurs des technologies et services répondant à ces demandes ? 

Des situations contrastées

Pour les grands groupes possédant leurs propres technologies (Amex GBT-Egencia, CWT, BCD…) et capables de développer directement dans leur solution des nouveaux modules, la réponse est plutôt “oui”. Mais cela implique bien entendu un coût qui doit être accepté par le client corporate.

Quant aux nouveaux acteurs (TripActions, Travel Perk…) qui ont mis la technologie au centre de leur offre de services, proposant des solutions répondant rapidement à l’évolution du voyage d’affaires, elles sont évidemment armées pour y répondre, c’est même leur raison d’être.

Bien différent est le cas des acteurs plus historiques qui, bien loin des « Travel Tech », ne peuvent gérer ces nouveaux besoins sans un apport externe. Ils n’ont dès lors pas d’autres choix que de se rapprocher de sociétés technologiques, soit en se tournant vers leur SBT pour couvrir ces points, soit en créant un écosystème technologique adaptable à travers des nouvelles intégrations de type API. 

C’est pour ces acteurs-là que l’apport des startups est essentiel. Avez-vous vu beaucoup d’annonces de partenariat entre ces TMC et ces acteurs émergents ? Contrairement à d’autres marchés comme les Etats Unis ou l’Angleterre, où ces partenariats sont plus courants, en France, les deux mondes ont l’air de s’opposer plutôt que de collaborer : le besoin clients ne semble pas assez au centre de la réflexion. Dans notre pays, les entreprises de services autour du voyage d’affaires restent encore très traditionnelles dans leur approche, limitant ce type de collaboration.

Des motifs d’espoir

D’ailleurs, un même constat a été partagé par le jury des derniers Lauriers du Voyage d’Affaires en décembre 2021 : la catégorie « Meilleure initiative de coordination prestataire historique/start-up » n’a pas brillé par le nombre de candidatures… Mais des motifs d’espoir solides existent.

Car la bonne nouvelle, c’est que des solutions françaises couvrant ces besoins ou évoluant sur ces sujets sont sur le marché !

Egencia, acteur historique français, racheté l’an dernier par Amex GBT, a toujours mis la technologie au service des besoins du voyageur depuis plus de 20 ans. D’autres acteurs, comme The Treep ont également été précurseurs avec une technologie construite sur le postulat de déplacements plus écologiquement responsables depuis 2016. D’autres nouveaux entrants français ont également été reconnus pour leurs solutions innovantes. Pour n’en citer que quelques-uns : Mobee Travel for Business, Super Tripper, Okarito, Ayruu, Fair Jungle…

La liste est plus longue si nous rajoutons les solutions spécifiques de duty of care, de gestion de CO2, d’applications mobiles ou que nous regardons en dehors de la France. En espérant voir plus de collaborations entre les Travel Managers, les TMC et les nouveaux acteurs sur 2022… pour le bien des voyageurs et la reprise durable du voyage d’affaires !