L’événement annuel d’AirPlus, fournisseur mondial de solutions de paiement dédiées aux entreprises, a relié crise sanitaire et voyage d’affaires autour de trois thèmes, le duty of care, la RSE et la digitalisation. Avec des interventions de qualité. Compte-rendu.
Univ’AirPlus est l’un des événements majeurs de la rentrée, dans l’industrie des mobilités professionnelles en France, et ce depuis maintenant 15 ans ! Cette année, l' »université d’été » d’AirPlus se tenait sous format digital, ce jeudi 10 septembre. « (Re)load business travel – voyager mieux ! », tel était le thème de l’édition 2021 organisée par l’équipe française d’un des leaders internationaux des solutions dans le domaine du paiement corporate, partenaire de 48 000 entreprises clientes dans le monde.
Dans cette période de reprise encore incertaine du business travel, Julie Troussicot, directrice France de l’entreprise allemande, a d’abord rappelé que cet événement était l’occasion de revenir sur « des tendances de fonds qui se sont accélérées pendant cette période de crise sanitaire ». Et d’ajouter : « Voyager mieux est non seulement un besoin mais une obligation aujourd’hui« .
Olivier Wagner, le grand patron d’AirPlus International, a évoqué pour sa part la récente enquête réalisée par son entreprise auprès de 743 cadres et dirigeants, qui relève que 80% d’entre eux (81% des Français) estiment les contacts en présentiel entre clients et fournisseurs « essentiels pour atteindre les objectifs commerciaux », soit autant qu’avant le début de la pandémie : « Donc oui, le voyage d’affaires va perdurer, mais différemment. Ainsi, en France, 75% des entreprises que nous avons interrogé déclarent avoir déjà changé leur politique voyage (…). Mais il n’y a pas que les travel managers qui doivent bouger. La comptabilité et les achats doivent aussi s’adapter« .
Amélie Berruex, Managing Director chez Axys Odyssey, a renchérit en rappelant que « le business travel restait incontournable pour la croissance de l’entreprise. On ne va pas conclure des contrats à plusieurs millions par visio. Mais on voit en revanche clairement une accélération de la réduction des voyages internes, et une modification des politiques voyage sur ces aspects« .
Sur les bouleversements qui affectent l’ensemble des acteurs du voyage d’affaires, Amélie Berruex note par ailleurs que les TMC sont les plus touchés « car on arrive à la fin d’un modèle économique déjà engagé avant le début de la crise (…). L’écosystème travel est en pleine révolution. C’est compliqué pour l’acheteur de faire le tri et de savoir si les choix d’aujourd’hui sont pertinents dans le durée ». Elle a souligné aussi que le travel manager avait été « très secoué » pendant la crise : « Il a fallu gérer beaucoup de choses sur le plan opérationnel. Leur rôle a été mis en avant, notamment sur des éléments de gestion de crise, la RSE et la mobilité au sens large. Il y a une vraie opportunité pour le TM de démontrer sa capacité à adresser des sujets stratégiques« .
« RSE et voyages d’affaires » fut le thème d’une des trois tables rondes de l’après-midi. La prise de conscience de ces questions est en effet beaucoup plus forte chez les collaborateurs – et de plus en plus au sein du top management – et rajoute une pression supplémentaire sur l’entreprise. Laquelle « doit aussi mettre la pression sur ses fournisseurs », comme l’a rappelé Laurent La Rocca, le fondateur de The Treep. Les voyageurs eux-mêmes doivent accepter de changer certaines habitudes. Sur ces questions de durabilité est plutôt préconisée la politique des petits pas, avec des objectifs atteignables et mesurables.
Une autre table ronde portait sur le devoir de diligence. « Le duty of care est une notion déjà bien ancrée dans l’entreprise, depuis une bonne décennie. Ce qui a changé, c’est le niveau d’attente et d’exigence des collaborateurs qui voyagent » a constaté Nicolas Bourgeois, directeur de la Sécurité chez Renault. Cécile Caplin, Responsable Sûreté France chez International SOS, a noté pour sa part l’explosion des demandes d’informations des TM depuis le début de la crise, tout en insistant à la fois sur la nécessaire fiabilité des infos et sur une veille au quotidien. Ce qui suppose de savoir où trouver l’information dans l’entreprise, ce qui n’est pas toujours le cas…
Mieux protéger les voyageurs passe aussi par une implication renforcée et un travail de co-construction des processus de sécurité entre RH, TM et médecine du travail, ainsi que par une meilleure cartographie des risques et une amélioration des normes communes. Ziad Minkara, directeur général chez CDS groupe, a rappelé que le duty of care est une obligation légale et que les contraintes qu’il induit « n’améliorent pas obligatoirement le bien-être du voyageur. On entend aujourd’hui que l’on va voyager moins mais mieux. Mais il faut aussi tenir compte des contraintes financières des entreprises« .
Sur la table ronde suivante La digitalisation au service du « mieux voyager », l’on a d’ailleurs pas mal parlé économies et réductions des coûts. Pour Hélène Billon, director Business Travel chez Orange, « la visio va rester. Une partie des voyages d’affaires va disparaître, du fait également que la direction financière a souhaité faire de grandes économies ». Et d’ajouter : « Avec la période Covid, les collaborateurs demandent qu’on mette de plus en plus en place des outils digitaux. Et ils veulent que ces outils soient aussi performants que ceux dédiés au grand public« . Et c’est justement en réponse à ce besoin que TravelPerk connaitrait une forte expansion, selon Raphaël Daverio, son Senior Product Manager qui rappelle que « la digitalisation est arrivée plus tard sur le BtoB », d’où « la déception de l’expérience utilisateur chez des jeunes ayant l’habitude d’outils récents sur le BtoC ».