L’IA générative pousse les fournisseurs du voyage d’affaires à accélérer leur transformation et à innover. Nombre d’entre eux ont annoncé lancer des programmes ou des comités d’éthique dédiés à cette technologie. Quels sont les cas d’usage de l’IA dans l’univers des mobilités professionnelles et comment ces acteurs imaginent-ils leur avenir dans un environnement de plus en plus concurrentiel ? Le cinquième volet de cette série d’articles donne la parole à Matthieu Chevrier, Chief Digital Officer, chez Gekko Group.
DéplacementsPros : Pouvez-vous revenir sur les débuts de l’intégration de l’IA dans vos process ?

Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous travaillons désormais sur des projets plus visibles pour nos clients, notamment pour améliorer l’expérience utilisateur sur nos plateformes. Nous avons l’idée de développer un agent de voyage pour la partie Loisirs, capable d’offrir des conseils personnalisés. Ce projet est en cours de développement et devrait être finalisé pour le milieu de l’année 2025. Notre plan est ensuite de l’adapter au secteur corporate, sur Hcorpo. Ce nouvel outil devrait permettre aux voyageurs d’affaires de se voir proposer des hôtels conformes aux PVE et adapté au bleisure, avec des propositions d’activités à faire sur place. La version corpo devrait être disponible d’ici la fin d’année. Enfin, une autre application est en cours, celle de l’automatisation de notre service client afin de fournir des informations adaptées aux voyageurs et faire gagner du temps à nos agents physiques.
Quelle est votre stratégie d’intégration concernant l’IA générative et quels sont les freins face auxquels vous êtes confrontés ?
Lorsque nous avons commencé à réfléchir à l’intégration de l’IA générative dans nos process, nous nous sommes accordés sur un point essentiel : nous ne voulions pas de « produit gadget ». Même si nous avons conscience qu’une course à l’IA est lancée et que cette technologie est un avantage concurrentiel, nous souhaitons proposer des fonctionnalités à forte valeur ajoutée.
Concernant les freins, le coût de ces nouveaux outils reste le principal. La partie « build » a été nettement réduite avec l’apparition d’acteurs comme OpenAI, mais celle de la production représente un coût très important, selon la quantité de données que vous allez entrer dans le système. Il est donc essentiel de réfléchir à ses besoins pour optimiser les coûts. Enfin, le traitement de la data est, selon nous, encore un sujet sensible. Nous avons fait le choix en 2025 d’utiliser essentiellement des données génériques pour nourrir nos bases afin de ne pas prendre de risque, en attendant que le cadre législatif soit plus clair et que les premiers retours d’expériences soient concluants.
Quelles sont les spécificités du marché du voyage d’affaires ?
Le marché du business travel est complexe en raison de son écosystème vaste et connecté, notamment sur la distribution hôtelière. Pour proposer une approche IA orientée client, il est nécessaire que chaque acteur fasse évoluer ses API, ce qui peut être long et dépasse les initiatives personnelles.
Comment percevez-vous l’avenir de l’IA générative dans ce secteur ? On parle souvent de synergie entre les acteurs de l’industrie, est-ce un point essentiel pour parvenir à proposer une meilleure expérience ?
L’IA générative peut véritablement aider les entreprises et les voyageurs d’affaires en offrant de nouvelles façons de rechercher et de recommander des hôtels. Pour les agents de voyages, cette technologie est un vrai levier pour améliorer leur productivité et leur efficacité.
La synergie est un axe d’amélioration. Chaque partenaire suit sa propre roadmap, mais il faudra mieux gérer les partenariats et être proactif pour intégrer les systèmes. Actuellement, l’industrie est trop compartimentée, notamment sur le partage des données.