Connaissez-vous Riyadh Air ? 

C’est une compagnie saoudienne, vous l’auriez deviné. Elle ambitionne de conquérir le ciel mondial, ça ne vous étonne pas non plus…

A la question posée dans le titre de cet article, les lecteurs les plus attentifs de DeplacementsPros pourraient répondre “oui” : Jean-Louis Baroux en parlait déjà dans une tribune publiée dans nos colonnes en novembre 2023. Pour les autres, que les avions de Riyadh Air soient passés sous vos radars n’a rien de surprenant : ils ne sillonnerons les cieux qu’à la fin de l’année 2025. 

Revenons à la tribune déjà citée. Jean-Louis Baroux y soulignait alors la position quelque peu en retrait de l’Arabie Saoudite par rapport à ses voisins du Golfe dans le domaine aérien (en comparaison des émiraties Emirates et Etihad, et de la qatarie Qatar Airways, notamment). Et que le dirigeant du royaume wahhabite, Mohamed Ben Salmane, MBS pour les intimes, comptait bien remédier à cette situation.

> Lire aussi : Tribune JL Baroux – Aérien : bouleversements dans le Golfe

Pas uniquement en développant la déjà solide Saudia (160 appareils, 90 destinations dans quelque 140 pays), également en créant deux compagnies aériennes, ni plus, ni moins  : NEOM et, donc, Riyadh Air.

Pour commencer, MBS a placé Tony Douglas à la tête de Riyadh Air. En tant que CEO d’Etihad de 2018 à 2022, ce citoyen britannique a tout simplement ramené des pertes colossales (1,9 milliard de dollars en 2016) à un profit historique de 296 millions de dollars au premier semestre 2022. Une belle prise incarnant une ambition gigantesque qui s’inscrit dans le projet Vision 2030 du Royaume (une diversification de son économie impliquant notamment un objectif de 100 millions de visiteurs en 2030).

Entre 15 et 20 milliards de dollars

Riyadh Air bénéficie en effet d’investissements colossaux pour soutenir son lancement et son expansion. La compagnie a commandé 39 Boeing 787-9 Dreamliner, assortis d’options pour 33 avions supplémentaires, ce qui porte le total potentiel à 72 long-courriers. À cela s’ajoute une commande de 60 Airbus A321neo, des monocouloirs adaptés aux liaisons régionales et moyen-courriers. La valeur globale estimée de ces commandes dépasse les 14 milliards de dollars, selon les prix catalogue.

Pour soutenir ses besoins financiers immédiats, Riyadh Air a obtenu une facilité de crédit islamique d’un montant de 1,3 milliard de dollars, levée auprès d’un consortium de huit banques dont Emirates NBD et Gulf International Bank. Ce financement permettra notamment de couvrir les coûts de lancement, les infrastructures et l’équipement.

En combinant commandes d’avions, financement bancaire, investissement dans les infrastructures et alliances internationales (voir ci-après), l’investissement global lié à Riyadh Air s'étale dans une fourchette estimée entre 15 et 20 milliards de dollars. 

120 appareils, 100 destinations

D’ici 2030, Riyadh Air prévoit donc d’opérer une flotte de plus de 120 avions, composée essentiellement de Boeing 787-9 Dreamliner pour les vols long-courriers et d’Airbus A321neo pour les liaisons régionales et moyen-courriers. Elle ambitionne de desservir plus de 100 destinations à travers le monde, avec un réseau qui couvrira les principales capitales européennes, les grandes métropoles asiatiques, des villes clés en Amérique du Nord, ainsi que plusieurs hubs stratégiques au Moyen-Orient et en Afrique. 

Pour y parvenir, elle s’appuiera sur une série de partenariats stratégiques avec des transporteurs internationaux comme Delta Air Lines, Singapore Airlines, Turkish Airlines, Air China, China Eastern, EgyptAir et Virgin Atlantic. 

Parallèlement, Riyadh Air s’intégrera dans le futur aéroport international King Salman à Riyad (jusqu’en 2030, année de sa livraison, elle sera basée à l’aéroport international King Khalid). Ce projet d’envergure, dont le coût total est estimé à 7,2 milliards de dollars, vise une capacité annuelle de 120 millions de passagers. La nouvelle compagnie y opérera comme compagnie de référence, renforçant le positionnement de la capitale saoudienne comme hub aérien international.

Vous ne connaissez pas Riyadh Air ? Vous n’allez pas tarder à la connaître…