Est-il sûr de prendre l’avion ?

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Que l’on soit au sol ou en l’air, les métiers de l’aéronautique demandent une remise en question permanente. Pour se faire, des outils mettant en oeuvre une technologie extraordinaire existent.

Nicolas Mouté dirige Simaéro, un opérateur de simulateurs dits « full motion » destinés à l’entrainement des pilotes professionnels. « Un simulateur est outil de formation qui vise à recréer le plus fidèlement possible l’environnement de travail des pilotes. C’est ainsi qu’un simulateur propose un vrai poste de pilotage couplé à un système d’affichage extérieur et à un ensemble de vérins qui donne la sensation aux pilotes de réellement voler », précise t-il. Malheureusement pour les pilotes, il ne s’agit pas là d’un jeu vidéo fort sympathique mais bien d’un instrument professionnel destiné à mettre à l’épreuve leur sang-froid, leurs connaissances et leurs compétences.

La simulation remplace-t-elle le réel ?

Nicolas Mouté nous explique l’avantage de la simulation : « le virtuel ça permet d’aller plus loin que l’avion réel , car le pilote qui vient dans un simulateur va pouvoir pousser la machine et donc l’avion virtuel dans des situations qu’il il ne devrait normalement jamais rencontrer. On parle par exemple de panne moteur, de défaillance des systèmes de bord, d’incidents majeurs (incendies, perte de puissance électrique…) et de situations extrêmes (météo, perte des instruments de bord…).» Et d’ajouter : « C’est tout l’intérêt de la simulation qui permet d’aller bien au-delà des situations réelles, donc de préparer les pilotes au pire et de les entrainer à réagir au mieux en appliquant les procédures définies par les exploitants.»

Comment se passe une séance de simulation ?

Tout d’abord, il faut savoir que les PNT ont l’obligation réglementaire de se former et de maintenir leurs compétences en permanence. En Europe, l’EASA (European Union Aviation Safety Agency) impose des règlements incontournables à tous les exploitants d’avion immatriculés dans l’Union Européenne. Ces règlements sont ensuite appliqués par les autorités de tutelle des pays (la Direction Générale de l’Aviation Civile pour la France).

Les pilotes qui arrivent chez Simaéro commencent tout d’abord par un briefing qui dure environ 1h00. Durant cet exercice, l’instructeur passe en revue les différents exercices que le binôme de pilote devra affronter. L’équipage (toujours en binôme)  va alors passer 4 heures dans le simulateur durant lequel ils vont devoir faire face à des situations exceptionnelles générant un grand niveau de stress. Cet exercice obligatoire est très normé et souvent appréhendé par les équipages qui savent qu’ils vont devoir affronter des situations exceptionnelles et souvent critiques. Mais pour beaucoup, c’est une occasion exceptionnelle de faire un point sur leurs connaissances et surtout de se préparer au pire et tout ça pour assurer la sécurité de leurs passagers, de leur équipage, de la réputation de leur compagnie et de leur propre vie.

Les pilotes ont toujours une certaine appréhension, car ils sont officiellement évalués par un instructeur professionnel qui peut décider d’une interdiction temporaire de vol s’il constate une faiblesse opérationnelle par rapport au référentiel défini par l’organisme de tutelle et par la compagnie aérienne.

Alors prendre l’avion est-il sûr ?

Nicolas Mouté insite sur le fait qu’aucun équipage n’a envie de faire la Une de la page des catastrophes aériennes. il confirme que les pilotes n’hésitent pas à se remettre en question au travers de cet exercice de simulation car il les fait réfléchir quant à leurs propres capacités à répondre sereinement mais professionnellement aux situations les plus inenvisageables.

La simulation mais surtout l’amour du métier

Il faut savoir que tous les accidents et les incidents  font l’objet de rapports précis que les équipages analysent et parfois simulent pour apprendre à détecter en avance de phase un problème ou répondre avec une procédure spécifique à une situation exceptionnelle.

Être pilote peut paraitre être un métier où, grâce à l’informatique, on ne fait pas grand-chose. Penser cela est une erreur car dans cette fonction de pilote, l’apprentissage est constant et la remise en question obligatoirement permanente.

Les PNC (hôtesses et stewards) sont également soumis à des entrainements stricts. Alors même si parfois vous pensez qu’ils en font un peu trop (ranger les sacs dans les coffres, ne pas se déplacer…) rappelez-vous qu’ils sont avant tout là pour assurer votre sécurité et accordez-leur l’attention qu’ils méritent et que vous ne regretterez pas si par malheur votre vol vient à connaitre un incident majeur…