L’aérien européen émet autant de CO2 qu’en 2019

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L’aérien européen émet autant de CO2 qu’en 2019
(Ph. Documerica/Unsplash)

Un rapport révèle que les niveaux d’émission de l’aérien européen a retrouvé ses niveaux pré-pandémiques et interroge l’objectif de neutralité en 2050.

Les émissions de CO2 des compagnies aériennes européennes ont presque retrouvé leurs niveaux d'avant la crise sanitaire, atteignant 98% de ceux de 2019 avec 187,6 millions de tonnes rejetées en 2024. C'est ce que révèle un rapport de Transport et Environnement (T&E), alors même que le trafic n'a récupéré que 96% de son volume pré-Covid.

Une lacune majeure dans la tarification carbone

L'étude met en lumière une faille significative dans le système européen de régulation des émissions. Si l'UE dispose bien d'un système d'échange de quotas d'émissions (SEQE) obligeant les transporteurs aériens à respecter des plafonds carbone, celui-ci ne s'applique pas aux vols intercontinentaux.

"En conséquence, aucune compagnie aérienne n'a dû payer pour ses émissions sur les routes les plus polluantes au départ de l'Europe", souligne le rapport. Un paradoxe d'autant plus frappant que la liaison Londres-New York figure comme la plus émettrice de CO2 en 2024.

Mais c’est paradoxalement une compagnie dont les routes sont quasi exclusivement européennes (en dehors du Maroc, Israël ou encore la Jordanie), Ryanair, qui domine ce classement peu enviable avec 16 millions de tonnes de CO2, devant Lufthansa (10 millions) et British Airways (9 millions). Dix transporteurs concentrent à eux seuls 40% des émissions du secteur aérien européen. 

L'objectif 2050 déjà compromis ?

Le timing de ces révélations est particulièrement délicat. Elles surviennent alors que plusieurs PDG de grandes compagnies européennes intensifient leur pression sur Bruxelles pour assouplir les règles environnementales, notamment concernant les mandats d'utilisation de carburants d'aviation durables (SAF).

Willie Walsh, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), a récemment jeté un pavé dans la mare : "Nous allons devoir réévaluer l'engagement envers la neutralité carbone en 2050 parce que nous ne recevons tout simplement pas le soutien dont les compagnies aériennes ont besoin".

Une remise en cause préoccupante de l'engagement collectif du secteur, qui misait sur un mix de nouvelles technologies, carburants alternatifs, systèmes d'échange de quotas et optimisations opérationnelles pour atteindre cet objectif crucial dans la lutte contre le changement climatique.

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