Le BAR France réagit à la hausse des redevances aéroportuaires

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Augmentation des tarifs des redevances aéroportuaires ADP : quand le surréalisme prend le pas sur la raison

En validant la proposition du groupe ADP d’augmenter les redevances aéroportuaires de 2,5% l’Autorité de Régulation des transports  nous a livré une argumentation qui n’est pas sans provoquer quelques interrogations dans un contexte calamiteux pour le transport aérien et tout l’écosystème qui en dépend

C’est d’ailleurs cette même Autorité qui souligne dans ses attendus que dans la mesure où l’appréciation du caractère modéré de l’évolution tarifaire s’effectue au regard des circonstances particulières de chaque espèce et constate que la proposition tarifaire dont ADP l’a saisie, intervient dans le contexte de la crise sanitaire et économique liée à l’épidémie de covid-19 qui a touché directement et durement le transport aérien.

Alors quand dans notre pays, comme partout dans le monde, les compagnies aériennes sont dans leur grande majorité sous perfusion des aides de l’Etat sous quelque forme que ce soit, quand les grands  projets d’investissements sont stoppés, quand même les conditions opérationnelles affectent substantiellement la qualité du service rendu aux compagnies et à leur client peut-on, dans les circonstances dramatiques actuelles, justifier des augmentations tarifaires ?

Que valait donc l’avis majoritaire défavorable voté par la Commission consultative économique lors de sa réunion consacrée aux propositions tarifaires 2021 ? Il est d’ailleurs à noter que même le président de la commission s’est abstenu lors de ce vote, ne validant pas ainsi le proposition présentée par ADP.

Comment peut-on affirmer que la proposition incrémentale  tarifaire peut sembler plutôt favorable à la reprise du trafic des compagnies et faire considérer par l’Autorité que l’augmentation est modérée quand par ailleurs toutes les grandes plateformes internationales proposent des baisses ?

Vu les très faibles niveaux de trafics actuels et la proportion importante des couts fixes des compagnies ariennes les redevances aéroportuaires représentent aujourd’hui un coût très significatif et dans une optique de redémarrage du trafic, assez hypothétique à l’heure où j’écris ces lignes, une augmentation des redevances serait ressentie encore plus durement.

Comment interpréter les motifs de circonstances exceptionnelles et imprévisibles évoqués par le groupe ADP pour demander la résiliation du contrat quinquennal passé avec l’Etat pour ne pas supporter les engagements d’investissements ? Existerait- il une gradation particulière dans l’appréciation et l’impact économique de telles circonstances permettant de s’exonérer de ses obligations ?

Dans le système de caisse aménagée, séparant grosso modo les recettes aéronautiques et celles des commerces , découlant de l’application de l’arrêté du 16 septembre 2005, l’allocation des actifs, base du ROCE des activités respectives est un élément fondamental de répartition pour déterminer la juste adéquation de l’équilibre entre périmètre  dit régulé i.e aéronautique et non régulé.

Or, l’Autorité déclare très benoitement, que compte tenu des délais de l’instruction qui ne lui permet pas de procéder par elle-même à un audit des modalités d’allocation des actifs, charges et produits, elle n’est pas en mesure de mettre en évidence que les principes prévus au CRE 3 n’auraient pas été respectés !!! J’avoue une certaine perplexité à la lecture de cette affirmation.

Quand ces éléments d’appréciation sont la condition indispensable à la nécessaire transparence pour évaluer l’impact des variations tarifaires il semble qu’il y ait là quelque matière à une interrogation supplémentaire de la part des usagers.

Cela dit notre organisation ,représentant la majeure partie des compagnies aériennes françaises et étrangères exerçant leur activité sur les aéroports parisiens  est consciente des effets désastreux de la pandémie mondiale obligeant tous les acteurs de notre sphère d’activité à prendre des mesures draconiennes d’adaptation de leurs moyens et ressources pour faire face aux difficultés dérivant de cette situation

Nous sommes tous confrontés aux mêmes impératifs qui, pour beaucoup, sont  une question de survie et nous en appelons au bon sens de tous les intervenants pour maintenir les équilibres économiques plus que jamais nécessaires à notre industrie.

Jean-Pierre Sauvage, qui, après une longue carrière au sein d’ADP et de la compagnie Iberia en tant que DG France, est aujourd’hui membre du Conseil Supérieur de l’Aviation Civile et Président de BAR France (Board of Airlines Representatives, une association de la loi du 1er juillet 1901 qui regroupe les Directeurs Généraux et Représentants pour la France des compagnies exerçant une activité en France).