A l'occasion de la dernière Convention nationale de l'AFTM, Emirates a fait le point sur sa situation en particulier, et l'aérien en général.
Cédric Renard et Bertrand Flory, respectivement DG France et Directeur commercial d'Emirates, ont entamé leur propos par le rappel cinglant (et chiffré) de la crise traversée par le transport aérien au moment de la pandémie : 140 milliards de dollars de pertes cumulées au plus fort de la crise, et 60 milliards supplémentaires depuis.
La situation se redresse par la grâce d'un certain revenge travel... et par la hausse des tarifs. Cependant, pas de quoi pavoiser : l'année 2023 verra bien le retour des bénéfices mais ils devraient se fixer au global à 9,8 milliards mais avec une marge de 2,8%. Pour Emirates, la situation est meilleure : on nous annonce 2,6 milliards de bénéfices prévisionnels (est-ce donc à dire qu'un quart des bénéfices globaux de l'aérien seront réalisées par cette seule compagnie ?) mais surtout une marge un peu plus respirable avoisinant les 10%.
Cette hausse des prix, d'une trentaine de pourcents globalement, de 15 à 20% chez Emirates, les deux speakers en ont soigneusement détaillé les mécanismes. En message subliminal : "Non la hausse de nos prix n'a pas de lien avec notre besoin de cash en sortie de crise". La raison en serait la pure et simple application de la loi de l'offre et de la demande : une reprise du voyage qui se heurte à une capacité en sièges encore inférieure à 2019 (-20% en Europe).
Cette baisse des capacités trouve son origine dans les difficultés de recrutement de personnels volants, d'une part. Dans la perpétuation d'ouverture partielle de cenrtains pays (la Chine, notamment), d'autre part. Et dans des délais de livraison des appareils allongés, enfin. A ce titre, l'exemple d'Emirates : la livraison d'une commande de cinquante A350 devait commencer cette année, ce sera finalement en 2024.
BT : 73% des niveaux de 2019
L'impact bénéfique de cette hausse des tarifs sur le résultat des compagnies devient un peu plus concret quand Bertrand Flory donne ces chiffres : en France, pour Emirates, le business travel est à 73% des niveaux de 2019 à la même époque... mais les revenus, eux, sont revenus aux étiages d'avant-crise.
Toujours au chapitre du voyage d'affaires, l'émergence "monde d'après", n'a pas pu être constaté. Pas de durcissement des PVE et, contre toute attente, un certain retour aux sièges avant pour certains professionnels qui les avaient délaissés avant la pandémie. C'est une des raisons pour lesquelles, Emirates entend maintenir un haut niveau d'investissement pour sa business class et sa premium.
Au niveau du revenu management, pas de changements constatés non plus. Si ce n'est le continuous pricing mais qui est dû au déploiement de la NDC. A propos du continuous pricing, Bertrand Flory jure que "pour le passager qui réserve longtemps à l'avance, ça ne changera rien. Mais le passager 'moyen' y gagnera". Au sujet de NDC il déclare : "pour l'instant, on attaque le loisir", comprendre : les TMC ne seront pour l'heure pas pénalisées par leur utilisation des canaux traditionnels. Et concernant les tarifs, il croit percevoir des signes de stagnation, voire de baisse. On a bien fait de rester jusqu'au bout.