Royaume-Uni : des députés veulent réduire l’écotaxe aérienne

436

Un rapport publié par un groupe de députés de tous bords politiques a exhorté ces jours-ci le gouvernement à réduire les montants de l'Air Passager Duty (APD), afin de renforcer la compétitivité de l'économie britannique après le Brexit.

Les activistes du mouvement Extinction Rebellion ont prévu de faire voler des drones sur l'aéroport d'Heathrow le 13 septembre prochain. Leur objectif : inciter le gouvernement britannique à prendre des mesures afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, une partie de la classe politique outre-Manche œuvre plutôt pour une mesure qu'ils verraient d'un très mauvais œil. Cela fait des années en effet que des ministres et députés demandent la diminution des montants de l'Air Passager Duty (APD), voir la suppression de cette taxe, soutenus par les grandes compagnies aériennes (British Airways, Virgin Atlantic, Ryanair, easyJet, TUI Airways...). Le rapport publié par les députés souligne le poids négatif qu'elle fait porter à l'économie britannique, et le fait qu'il est absurde de la percevoir à l'aller comme au retour sur un vol domestique...

L'APD est une taxe par passager prélevée sur tous les vols au départ des aéroports britanniques. Lancée en 1994, elle ajoute 13 £ au coût de chaque billet court-courrier et 78 £ pour les vols long-courriers en classe économique, 26 £ pour chaque court-courrier et 176 £ pour un long-courrier dans une classe premium. Cette taxe verte sur le transport aérien est la plus élevée en Europe, plus de deux fois celle appliquée en Allemagne, qui occupe le deuxième rang. La France apparaît loin derrière, avec sa nouvelle «écocontribution» sur les billets d’avion, taxe appliquée sur tous les vols au départ de France à compter de début 2020, qui ira de 1,50€ sur un vol court courrier en classe économique, à 18€ pour un vol hors Union européenne en classe affaires. Mais le secteur du transport aérien français rappelle volontiers qu'il finance les infrastructures aéroportuaires et nombre de missions de l’État tels la sûreté et le contrôle aérien en vol.

L'un des plus virulents dénonciateurs de la nouvelle écotaxe française a d'ailleurs été Willie Walsh, le CEO du groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Level), qui a estimé qu'elle n'améliorerait en rien l'environnement, le plus efficace étant de miser sur les nouvelles technologies qui réduisent les émissions des avions. Le groupe IAG prévoit ainsi d'investir 328M£ dans la création d'un fuel durable dans les deux prochaines décennies. British Airways entend diviser par deux ses rejets de CO² d'ici 2050, en créant un carburant à partir des déchets ménagers, ce qui lui permettrait de réduire de 60% les rejets de carbone par rapport au kérosène actuel. Virgin Atlantic prévoit également de diminuer par deux ses rejets d'oxyde de carbone grâce à un carburant vert.

On rappellera également que le secteur aérien, au niveau international, s'est engagé dans d'autres initiatives sur le plan environnemental. Ainsi, avec le programme Corsia (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) adopté par IATA et lancé cette année, les compagnies aériennes financent des actions écologiques pour compenser leurs émissions de CO². Avec pour but de limiter en 2035 ces émissions à leurs niveaux de 2020. Et les compagnies de rappeler enfin qu'elles doivent déjà acheter aujourd'hui en Europe des permis d’émission de CO² pour pouvoir consommer du carburant.