WiFi à bord : quid de la connectivité des compagnies aériennes ?

0
865

Au sol et en vol, le besoin de connexion des voyageurs d’affaires est accru au point que l’offre de WiFi à bord devienne un argument commercial auprès des acheteurs. L’occasion de dresser un état des lieux des différentes offres de connectivité en vol proposées par les compagnies aériennes et des technologies en cours de développement chez les constructeurs et les équipementiers.

Avec plus de 7 milliards d’utilisateurs de smartphones dans le monde, l’enjeu de la connectivité en vol est une question que les compagnies aériennes ne peuvent plus ignorer. Un sujet porté notamment par les équipementiers présents à Hambourg, lors du salon Aircraft Interiors Expo 2024 (AIX 2024), pour donner un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler la cabine du futur.

> Lire aussi : Connectivité à bord (1/4) : Wi-Fi’s in the air

Mais avant de voir l’intelligence artificielle embarquée à bord des aéronefs, que ce soit pour personnaliser l’expérience passager ou automatiser le suivi d’inventaire et faire de la maintenance prédictive pour l’équipage, comme le promet Diehl Aviation, quid de la connectivité des compagnies aériennes ? L’accès à une solution de WiFi à bord constitue un argument commercial auprès des acheteurs.

WiFi à bord : quels sont les modèles économiques ?

Plusieurs modèles économiques ont vu le jour chez les transporteurs qui proposent souvent une offre évolutive. Dans ce cas, le passager peut se connecter gratuitement au WiFi pour utiliser des services de messagerie – Whatsapp, WeChat ou iMessages par exemple – mais doit payer pour surfer sur le web. Entrent alors en jeu les packs de données, similaires à des forfaits téléphoniques prépayés qui offrent, en fonction du tarif déboursé, l’accès à différents lots de données ou à une durée de connexion limitée dans le temps.

> Lire aussi : Connectivité à bord (2/4) : Challenge accepted

Chez Air France, l’accès au web et à la boîte mail coûte 3€ lors d’un court-courrier, 5€ pour un moyen-courrier, 8€ pour une durée d’une heure ou 18€ pour la totalité du vol lors d’un long-courrier. Pour profiter à la fois de ce service en haut débit et de l’accès aux applications de messagerie, le transporteur facture 30€ au voyageur pendant un long-courrier.

La connectivité en vol comme levier de fidélisation

Une offre proposée sur l’ensemble de la flotte Air France depuis 2020 et susceptible de rapidement évoluer au regard des développements en cours chez ses concurrents. D’ici à la fin 2026, le Groupe Lufthansa promet par exemple d’offrir à tous les passagers voyageant sur les lignes européennes la possibilité d’utiliser gratuitement le Wi-Fi à bord. L’entreprise profite du besoin de connexion accrue des passagers pour les inciter à souscrire à son programme de fidélité. 

> Lire aussi : Connectivité à bord (3/4) : « Notre premier critère de choix lors d’une réservation de vol reste avant tout le prix »

Sur l’ensemble des compagnies aériennes du groupe allemand, il sera possible de profiter d’une connexion haut débit à condition d’être membre du programme Miles & More ou adhérer à Travel ID. Autrement, les voyageurs doivent débourser 6 euros pour profiter de l’offre Premium, le forfait internet le plus rapide proposé par le transporteur dont le tarif a été réduit de moitié en début d’année. Proposer une connexion en vol ou la carotte ultime pour attirer les voyageurs au sein des programmes de fidélité des compagnies ? C’est en tout cas la route sur laquelle s’aventurent plusieurs transporteurs comme Delta Airlines ou encore Singapore Airlines.

IFE : des équipements plus légers, une connexion plus rapide

L’évolution des offres de connectivité à bord est évidemment liée aux progrès réalisés par les équipementiers dans le domaine, qui profitent désormais d’une technologie hybride, grâce notamment au réseau EAN (European Aviation Network) sur le Vieux Continent sur lequel s’appuie Viasat, simplifiant le passage d’une connexion terrestre à une connexion par satellite. Plus légers, les nouveaux modèles d’antennes développées par l’équipementier ont un impact sur la consommation de carburant. 

> Lire aussi : Connectivité à bord (4/4) : un service qui doit rester optionnel

L’arrivée de la fibre optique à bord des cabines iCMP d’Airbus, le constructeur prévoit d’équiper 30 000 appareils en 2027, marque également un tournant pour satisfaire l’appétit digital des voyageurs tout en ouvrant la voie au marché de l’internet des objets (iOT) en vol. Le constructeur laisse le choix aux compagnies aériennes d’opter pour une connectivité air-sol (ATG) par radio plus adaptée aux vols régionaux ou pour HBCplus, son offre de communication par satellite. Celle-ci est capable d’accueillir une multitude de fournisseurs de communications par satellite.

Une concurrence venue d’ailleurs

Une évolution qui ouvre la voie à de nouveaux fournisseurs sur le marché. C’est le cas de Starlink notamment, filiale du groupe Space X menée par le sulfureux Elon Musk qui a d’ores et déjà noué des partenariats avec Qatar Airways, JSX, Hawaiian Airlines, airBaltic, et ZIPAIR. Une offre de communication satellitaire que les passagers de Qatar Airways devraient pouvoir tester sur trois 777 avant la fin de 2024, comme annoncé lors de l’événement AIX 2024. 

Les partenaires promettent l’accès gratuit à de l’internet haut débit et à faible latence – jusqu’à 350 mégabits par seconde – ce qui est très largement suffisant pour du streaming vidéo en 4K et même pour jouer à certains jeux vidéo en réseau. “Dès que les passagers monteront à bord de l’avion, l’internet fonctionnera de manière transparente tout au long du vol, d’une porte d’embarquement à l’autre”, assure Jonathan Hofeller, vice-président de SpaceX chargé des ventes commerciales de Starlink, dans un communiqué.

Nul doute que cette concurrence venue d’ailleurs va impacter le marché IFE et peut-être se répercuter sur la façon dont les compagnies aériennes commercialisent du WiFi en vol.