L’Union des Aéroports Français & Francophones Associés (UAF & FA) a livré ce jeudi les résultats de son enquête statistique portant sur le trafic 2021. L’occasion également de présenter les perspectives de reprise de l’année 2022. Lesquelles traduisent les incertitudes qui pèsent sur le secteur.
La conférence de presse annuelle de l’UAF a été organisée cette année en format hybride. Un début de retour à la normale qui traduit bien l’activité des aéroports français l’an dernier, soit une vraie reprise par rapport à 2020 (+ 29,5%) mais un trafic toujours en net retrait (- 57,7%) par rapport à 2019, une année de référence.
L’année 2021 s’est découpée en deux phases, comme l’a souligné Nicolas Paulissen, délégué général de l’UAF, soit un premier semestre difficile et un second bien meilleur. «La levée de certaines restrictions et l’introduction du pass sanitaire ont contribué à rétablir la confiance l’été dernier», a-t-il indiqué, ajoutant que l’effet Omicron était heureusement «bien moins redoutable qu’on aurait pu le craindre», notamment en ce début 2022. L’UAF espère retrouver 70% de son activité antérieur à la crise cette année. Thomas Juin, le président de l’UAF, interrogé sur les conséquences de l’invasion de l’Ukraine pour le secteur, note toutefois que les effets sont déjà visibles, du fait notamment du renchérissement considérable du coût du transport qui aura « un impact majeur également pour les compagnies aériennes ».
L’incertitude porte aussi sur la demande affaires. « La situation reste problématique sur le corporate. Les entreprises donnent encore des consignes de limiter les déplacements. De plus, les usages et comportements changent, même si les professionnels ont toujours un impérieux besoin de se voir. Et nous n’attendons pas un retour meilleur sur ce trafic avant 2023 » a poursuivi Nicolas Paulissen.
Pour revenir à 2021, les plus mauvais résultats sont affichés surtout par les aéroports parisiens très dépendants du trafic international, par ceux qui constituent des accès aux stations de ski (Grenoble par exemple) ou sont très sensibles au trafic low-cost en provenance du Royaume-Uni (Limoges, Bergerac…). Les plateformes parisiennes ont même vu leur part représenter moins de la moitié du trafic des aéroports métropolitains (49.9% contre 53.6% en 2019). Le trafic passagers d’ADP a progressé de 26,8% sur 2020 mais baissé de 61,2% sur 2019.
Globalement, on sait que plus les aéroports sont grands et plus le trafic international est important pour eux. Or, le trafic à l’international a eu du mal à redémarrer l’an dernier : il a diminué de 64.4% par rapport à 2019, tandis que le trafic domestique a baissé de 41.1%.
Sans surprise, les résultats des autres aéroports métropolitains sont bien meilleurs que ceux d’ADP, avec une hausse du trafic de 37,4% sur 2019 mais une baisse toujours importante sur 2019, de 54,9%.
Cette année encore, les « aéroports régionaux » (entre 1 million et 5 millions de passagers annuels en 2019) affichent la plus faible baisse de trafic (-40.6% de passagers), portée par les bons chiffres des aéroports corses, Les « grands aéroports régionaux » (plus de 5 millions de passagers annuels en 2019, soit les plateformes de Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Nice et Toulouse) ont accueilli l’an dernier un peu moins de 30 millions de passagers (contre plus de 70 millions en 2019), soit une hausse du trafic de 35,3% sur 2020 mais une baisse encore importante, de 57,8%, sur 2019.
Autre constat sur 2021, les compagnies à bas coûts restent très dynamiques. «Elles continuent à lancer de nouvelles lignes, notamment transversales, à ouvrir de nouvelles bases. Elles confirment ainsi que le modèle low-cost s’impose sur le court moyen courrier», a relevé Nicolas Paulissen. Le trafic low-cost représente un peu moins de 40% du trafic de la France métropolitaine (presque 33 millions de passagers) contre 35% en 2019. Si son trafic a diminué de 53.8% par rapport à 2019, sa baisse est en effet moindre que celui des compagnies traditionnelles (-60.7%).
Comme en 2019, trois aéroports en France ont un trafic 2021 à plus de 99% composé de trafic low-cost : Carcassonne Sud de France, Béziers – Cap d’Agde Hérault Occitanie, et Paris – Beauvais. Le trafic low-cost représente plus de 50% du trafic total de 21 aéroports français en 2021 (56.3% des aéroports régionaux et 54,2% des grands aéroports régionaux). Contre seulement 15 aéroports en 2019…