Après de multiples rebondissements, le feuilleton du rachat d’Air Europa pourrait connaitre cette année son dénouement. Et les prétendants de fourbir leurs arguments pour convaincre le propriétaire de la compagnie espagnole, le groupe Globalia.
En novembre dernier sortait l’information selon laquelle Air France-KLM était en négociation en vue d’acquérir une participation de 20% dans Air Europa. Cette semaine, le journal El Confidencial a dévoilé que le groupe franco-néerlandais avait embauché la Société Générale comme banque conseil pour aboutir à cette prise de la participation.
Le groupe Lufthansa, information relayée par l’agence Reuters cette semaine, est également en lice pour prendre une participation minoritaire dans Air Europa. Et il aurait mandaté Goldman Sachs comme banque conseil.
Les deux groupes aériens se porteraient l’un et l’autre acquéreurs de 20% du capital, un niveau de participation qui évite de soumettre l’opération au régulateur européen. Avec néanmoins, à terme, la volonté de monter dans le capital ?
C’est pourtant la crainte d’un veto des autorités de la concurrence à Bruxelles, lié à une enquête portant sur les répercussions du rapprochement en termes de tarifs sur de nombreuses dessertes, qui aura incité IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling, Level) à jeter l’éponge l’été dernier, après cinq années de tractations. Actionnaire à hauteur de 20% d’Air Europa, le groupe hispano-britannique avait pourtant acté, il y a tout juste un an, le principe de la reprise, pour 400 millions d’euros, des 80 autres pourcents du capital de la compagnie espagnole.
Air Europa, qui affiche de bons résultats mais dont l’endettement est élevé (elle doit notamment rembourser 475 millions d’euros de prêts que lui a accordé le gouvernement espagnol pendant le Covid) a besoin d’argent frais. Une prise de participation de 20% de son capital – estimée à environ 100 millions d’euros – constituerait déjà un ballon d’oxygène salutaire.
A l’heure où s’accélère un mouvement de consolidation du ciel européen, les trois grands groupes aériens du Vieux Continent sont à la manœuvre, avec des fortunes diverses. Air France-KLM, au nez et à la barbe du groupe Lufthansa, a finalisé l’été dernier l’acquisition d’une participation de 20% dans le capital de la compagnie scandinave SAS AB. Mais le Lufthansa Group a supplanté le groupe franco-néerlandaise sur ITA Airways. Il a bouclé le mois dernier l’acquisition de 41% du capital du transporteur italien, et à terme en détiendra 100%.
Le Lufthansa Group (Lufthansa, Brussels Airlines, Austrian Airlines, Eurowings, Swiss, Air Dolomiti), vient également d’annoncer ce jeudi qu’il avait pris 10% du capital de la compagnie lettone Air Baltic.
Tap Air Portugal, en cours de privatisation, attise aussi les convoitises des grands groupes européens. Air France-KLM, Lufthansa Group et IAG font déjà les yeux doux au gouvernement portugais. Et comme pour Air Europa, les jeux restent très ouverts.
NB : Air Europa vient de conclure un accord de partage avec code (concernant la péninsule ibérique et la Scandinavie) avec SAS, dont Air France est l’actionnaire depuis l’été dernier. Certains y verront peut-être un signe en faveur de la compagnie française…