Airbus avance sur le biocarburant mais freine sur l’hydrogène

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Le constructeur européen va faire voler cette année un A320 d’essai utilisant 100% de SAF. En revanche, il ne voit pas l’avion à l’hydrogène s’imposer face à ceux propulsés par des moteurs traditionnels avant 2050 !

Les constructeurs aéronautiques sont pleinement engagés dans la décarbonation du transport aérien. Airbus et Boeing travaillent l’un et l’autre, en liaison avec les motoristes, sur les futurs modes de propulsion des avions à l’électricité et à l’hydrogène. L’européen a pris de l’avance avec ses concepts d’avion ZeroE. En septembre dernier, il a présenté trois projets d’avions 100 % hydrogène devant voir le jour à l’horizon 2035. Aujourd’hui, Airbus se montre plus prudent, ayant indiqué en février, dans le cadre d’une réunion avec des responsables de l’Union européenne, comme l’a rapporté le think tank InfluenceMap, que la plupart des avions de ligne s’appuieront encore sur des moteurs à réaction traditionnels au moins jusqu’en 2050.

Son concurrent Boeing ne prévoit pas non plus le déploiement à grande échelle de l’avion à hydrogène avant cette date. Ce mode de propulsion nécessite de résoudre d’immenses questions techniques, et d’obtenir ensuite toutes les certifications. Certains spécialistes préfèrent ainsi ne pas trop s’avancer, et prévoient que l’avion à hydrogène pourrait ne concerner, à cet horizon, que les appareils courts-moyens courriers.

Heureusement pour le secteur aérien, de nombreuses alternatives permettent de « verdir » le transport par la voie des airs, entre les bio-carburants ne nécessitant pas d’innovation technologique, les carburéacteurs capturant le CO2 de l’air, la compensation carbone…

Côté biocarburant, l’utilisation des « sustainable aviation fuel » (SAF) – produit aujourd’hui à partir de la biomasse – est actuellement certifié uniquement dans le cadre d’un mélange de 50% maximum avec du kérosène fossile. Airbus vient toutefois d’annoncer qu’un A320 d’essai effectuera “avant la fin de cette année” un vol utilisant 100% de SAF.

Rappelons que les ministres des Transports de huit pays européens – Danemark, Finlande, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suède – ont demandé à la Commission européenne, en début d’année, d’encourager l’utilisation SAF. Un pourcentage de mélange obligatoire avec du kérosène traditionnel stimulerait l’investissement dans les carburants verts, augmenterait l’offre et ferait baisser les prix, selon les ministres. Car les carburants alternatifs coûtent cher : l’absence d’économie d’échelle rend aujourd’hui le prix du « sustainable aviation fuel » en moyenne cinq fois plus élevé que le carburant classique…