Alitalia : Rome dénonce les « discriminations» de Bruxelles

698

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi, ainsi que les syndicats et les employés d’Alitalia refusent les exigences de la Commission européenne. Bruxelles demande une révision du plan de sauvetage de la compagnie, en contrepartie d’une nouvelle aide publique…

Alitalia est entrée dans la crise très affaiblie. Autant dire que la situation de la compagnie aérienne est aujourd’hui critique. Les gouvernements italiens successifs n’ont cessé d’être sollicités, depuis des années, pour la soutenir, via plusieurs aides publiques. Rome s’est également fortement impliqué, ces derniers mois, dans le cadre du montage de la nouvelle Alitalia, ITA (Italia Transporti Aero), laquelle devait être en piste ce printemps. Dans le contexte sanitaire actuel, on parle aujourd’hui plutôt de juin ou juillet.

Or, la question se pose ces jours-ci, très concrètement, de savoir comment tenir jusqu’à l’été, période favorable au transport aérien. Les ressources financières d’Alitalia sont épuisées. Et Bruxelles n’a pas encore approuvé le plan d’aide de trois milliards d’euros de l’actuel gouvernement à ITA, lequel doit s’inscrire dans le respect de la réglementation européenne en matière d’aides publiques. Sachant que d’autres prêts à Alitalia sont toujours dans son viseur depuis des mois, ceux accordées en 2017 et 2019 pour un montant total de 1,3 milliard d’euros…

Les négociations entre Rome et la Commission européenne seraient aujourd’hui dans l’impasse en raison aussi du contenu du plan de sauvetage de la compagnie. La commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager demande la révision de ce plan, soit une réduction de plus de moitié de sa flotte (passage à 45 appareils contre 95 avant la pandémie) et du nombre d’employés (à ramener à 4 500 contre 11 000 aujourd’hui). Ces demandes ont mobilisé environ un millier de salariés du transporteur dans les rues de la capitale italienne, ce mercredi, lesquels ont dénoncé le « diktat » de Bruxelles. Mario Draghi, le chef de gouvernement, avait déjà, la semaine dernière, prévenu que Rome n’accepterait pas des «discriminations arbitraires», faisant référence aux aides aux groupes Air France-KLM et Lufthansa validées ces dernières semaines.

Bruxelles suscite aussi la colère de Rome pour certaines autres exigences, soit le changement de nom de la compagnie, le rachat « au prix du marché » des branches en charge de la maintenance et des services au sol, ou encore la cession de créneaux horaires sur l’aéroport de Milan-Linate…

Alitalia n’a pas réalisé de bénéfices depuis 2002. Et cela fera aujourd’hui plus de quatre ans qu’elle est dirigée par des administrateurs publics. La compagnie italienne n’a pas réussi à attirer des investisseurs privés pour reprendre l’ensemble de ses activités, dont Lufthansa à un moment en bonne position. Pas question en effet pour Alitalia de ne voir vendus que certains de ses actifs, avec la menace à terme d’être dépecée.