Après les « performances inacceptables » du secteur privé, le Parlement a donné son feu vert pour passer sous giron public l’intégralité des lignes ferroviaires d’ici 2027.
Trente ans après la privatisation du rail, le Royaume-Uni rétropédale et s’apprête à renationaliser son réseau ferroviaire. Approuvée en novembre 2024 par la chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, elle obligera les opérateurs privés à passer sous giron public à l’expiration de leurs contrats d’ici 2027. Le nouvel organisme ferroviaire est nommé « Great British Railways » et regroupera l’intégralité des liaisons ferroviaires du territoire. Cette décision fait suite à une longue lutte des travaillistes qui pointaient du doigt «des années de performances mauvaises et inacceptables» dans le secteur ferroviaire. Selon un sondage publié par Yougov, les deux tiers des Britanniques soutiennent ce projet, 77% d’entre eux jugeant les billets trop chers et 51% se plaignant de nombreux retards. Le syndicat ferroviaire TSSA a salué «un moment historique qui ouvre la voie au retour de nos chemins de fer dans le giron public, là où ils appartiennent, en tant que service vital».
Le gouvernement souhaite éviter de payer des compensations aux exploitants actuels
La privatisation des opérateurs ferroviaires avait eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major. Mais le réseau ferré est depuis revenu dans le giron public, géré par la société Network Rail. Quatre opérateurs sur quatorze en Angleterre étaient déjà revenus sous contrôle public ces dernières années en raison de leurs mauvaises performances. Les opérateurs principaux en Ecosse et au Pays de Galles sont eux aussi redevenus publics. Ce texte devrait éviter, selon le gouvernement, d’éviter de payer des compensations aux exploitants actuels.
En France, l’arrivée de la concurrence débute
En France, la libéralisation du rail a été votée en 2018 à travers la loi Nouveau Pacte Ferroviaire. Depuis 2021, les opérateurs privés peuvent exploiter des trains sur le réseau ferroviaire français, mettant fin à plus de 80 ans de monopole de la Société nationale des chemins de fer (SNCF) sur le transport de voyageurs. Trenitalia fut la première compagnie à ouvrir le bal de la concurrence sur l’axe Paris-Milan, puis Paris-Lyon. En 2023, c’était au tour de l’espagnole Renfe de s’installer sur la liaison Lyon-Barcelone, puis la très la prisée Paris-Lyon. Des compagnies comme Le Train ou bien encore Proxima tentent elles aussi de s’imposer sur les rails français mais sans succès, pour le moment.
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Pour rappel, il y a quelques semaines le nouvel acteur Le Train perdait l’appel d’offres pour l’exploitation des lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon (remporté par la SNCF -NDLR). En 2023, un sondage publié par Trainline et OpinionWay révélait que 80% des Français plébiscitent l’ouverture à la concurrence sur les lignes nationales et 77% sur les lignes régionales. Pour 61% des sondés, cette ouverture est synonyme d’avantages pour le pays et 55% y voient des avantages pour leur région. En espérant que la France ne suive pas la trajectoire du modèle anglo-saxon et que la satisfaction des voyageurs soit toujours aussi élevée dans les prochaines années…