Boeing pourrait suspendre le programme B737MAX

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Cela fait près de dix mois que le B737MAX est interdit de vol. Boeing réfléchit aujourd’hui à la suspension du programme…

Le Wall Street Journal et le Financial Times publient ce jour des articles annonçant que Boeing envisagerait désormais une diminution de la cadence de production du B737MAX, voire une suspension pure et simple. La ligne d’assemblage de Renton (Etat de Washington) près de Seattle pourrait être arrêtée cette semaine ou la semaine prochaine.

Le constructeur aéronautique produit aujourd’hui 42 exemplaires par mois. Une cadence qu’il entendait au contraire augmenter fortement (par palier) pour combler les retards de livraison. Mais les difficultés s’accumulent pour l’entreprise basé à Chicago.

Actuellement, les compagnies aériennes possèdent 380 B737MAX cloués au sol. Et Boeing a du en parquer environ 400 autres sortis d’usine depuis mars dernier, dans des conditions difficiles vu la place que nécessite un tel nombre. Avant de revoler, tous ces appareils doivent être «refité» (remis en état)… Or, pour Boeing, la barre des 10Mds$ de surcoûts serait déjà largement dépassée.

Et la facture va s’alourdir en 2020. Le retour du monocouloir n’est en effet plus prévu avant le début de l’année prochaine (au plus tôt). Chez Boeing, des tests sont toujours en cours sur le nouveau logiciel. Les agences en charge de la sécurité des différents pays (ou régions) doivent ensuite donner leurs autorisations, notamment la FAA, la direction générale de l’aviation civile américaine, et l’EASA, l’agence européenne de la sécurité aérienne.

Boeing devra aussi rassurer les passagers. Selon un sondage réalisé par Bank of America auprès de 2.135 voyageurs, 60% d’entre eux prévoient d’attendre au moins six mois avant de voler sur un 737 MAX. Seuls 20% d’entre eux estiment que l’avion sera sans danger et acceptera d’embarquer immédiatement dès son retour dans le ciel.

Le rattrapage de livraisons devrait prendre des mois, probablement plus d’une année. Les conséquences pour les compagnies sont déjà largement perceptibles. Ainsi, Ryanair va fermer à la fin de la saison hivernale ses bases de Nuremberg (Allemagne) et Stockholm-Skavsta (Suède). «Ces fermetures sont uniquement dues aux retards de livraison de nos avions Boeing MAX», a précisé le patron de la compagnie Ryanair, Eddie Wilson. La low-cost irlandaise avait déjà annoncé la fermeture prochaine de quatre bases en Espagne, à Ténériffe-Sud, Lanzarote, Gran Canaria et Gérone (mais cette dernière devrait finalement rester en échange d’une baisse de salaires de ses employés). Ryanair a commandé une centaine de B737MA.

La low-cost Norwegian est elle aussi pénalisée. La compagnie scandinave a du louer des avions pour remplacer les dix-huit B737MAX cloués au sol. Une situation qui se complique de mois en mois, sachant qu’elle a commandé 110 autres appareils de ce type. Rappelons que Norwegian, United et d’autres transporteurs notamment chinois ont déjà demandé des compensations à Boeing. Southwest (200 avions commandés) a ainsi annoncé que Boeing avait accepté de lui verser 125M$ de compensations pour les pertes financières occasionnées. FlyDubai (250 exemplaires commandés) envisage pour sa part de remplacer ses B737MAX par des A320 Neo.

Les autres compagnies ayant acheté le plus grand nombre de B737MAX sont Aeromexico (60 exemplaires), Air Canada (61), American Airlines (100), Copa Airines (61), Garuda (50), GOL (60), Lion Air (201), SpiceJet (155), TUIFy (60), Turkish Airlines (65), United (100), VietJetAir (200) et WestJet (65). D’autres compagnies européennes ont commandé des B737Max en plus petit nombre, Air Italy, Icelandair, Smartwings, Enter Air et LOT.