Comment ADP souhaite-t-il transformer l’aéroport de Paris-CDG sans Terminal 4 ?

0
805

Le groupe ADP livre sa vision pour l’aménagement de Paris-CDG à l’horizon 2035/2050 et lance une nouvelle concertation publique. Après l’abandon du Terminal 4, le gestionnaire aéroportuaire souhaite faire de Roissy la référence mondiale en matière de durabilité, d’intermodalité et de qualité de services. 

Après Orly, c’est au tour du premier aéroport français de faire l’objet d’une concertation sur la vision d’aménagement à l’horizon 2035/2050. Un projet « antigigantisme », comme le définit Philippe Pascal, le nouveau PDG d’ADP, élaboré en étroite collaboration avec les compagnies aériennes, les territoires et l’Etat. « Paris-CDG 2035/2050 n’inclut ni un nouveau Terminal, ni de nouvelles pistes, mais des extensions des Terminaux existants et la construction de nouvelles salles d’embarquement », déclare le dirigeant lors d’une conférence de presse donnée ce jeudi 27 mars.

> A lire aussi : Orly 2035 : la voiture individuelle n’est pas la bienvenue

Ces nouvelles salles d’embarquement pourront accueillir 7 à 8 millions de passagers, pour un parcours voyageur « optimal » et seront connectées via un nouveau métro automatique interne et interconnectées à la future ligne du métro 17 (mise en service prévue pour 2030), le CDG Express (2027) et le TER Roissy-Picardie (2026). 

Crédit : ADP

Une croissance du trafic entre 1 et 1,5% d’ici 2050

Le deuxième aéroport d’Europe a transporté 70 millions de passagers en 2024 et anticipe une hausse de son trafic passagers entre 1 et 1,5% par an jusqu’en 2050, pour atteindre les 88 millions d’ici 2035 et les 105 millions de passagers en 2050. Des prévisions bien inférieures aux 168 millions en 2050 prévus avant le Covid : « Nos chiffres prennent en compte l’incorporation du SAF pour répondre aux objectifs environnementaux. Ces nouveaux carburants, bien plus coûteux que le kérosène, vont avoir une incidence sur le prix du billet, ce qui, à un moment donné, pèsera sur le trafic aérien. Nous ne parlons pas d’une baisse, mais d’un ralentissement de la croissance dû au renchérissement », explique le PDG du groupe.

> A lire aussi : ADP : des résultats solides et une nouvelle direction

En prenant en compte ces nouvelles prévisions et l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ADP renonce au Terminal 4 de façon assumée et rappelle le socle de base du projet : transition environnementale, croissance modérée et qualité de services dans un espace contraint. Un projet d’adaptation qui comprend la refonte des principales frontières internationales, de nouvelles installations de traitement des bagages, la multiplication des projets énergétiques pour répondre aux besoins de l’infrastructure et des territoires environnants ou l’amélioration de l’intermodalité. 

Crédit : ADP

L’aéroport devient une grande gare 

« Le lien intermodal s’accroît et, de ce fait, améliorer la connexion entre le train et l’avion sera une priorité d’ici 2035 », déclare Philippe Pascal. Selon le groupe, le trafic en gare pourrait doubler d’ici 2030 et tripler d’ici 2050, passant de 15 millions de voyageurs par an aujourd’hui, à près de 30 millions, puis 45 millions, dont plus de la moitié seront des passagers du train arrivant ou repartant avec une offre de train courte distance. Florent Bardon, Directeur de la gare Aéroport CDG2 et TGV, souhaite que l’aéroport « devienne une grande gare, en faisant grandir sa part modale, tout en s’assurant de la non différence de traitement envers tous les transporteurs dans un contexte d’ouverture à la concurrence ». Comme cité plus haut, le Roissy-Picardie, la ligne 17 et le CDG Express viendront s’ajouter au RER B, aux TGV INOUI, aux OUIGO et à l’offre Eurostar. 

> A lire aussi : Le Roissy-Picardie, enfin sur de bons rails, devrait relier Amiens à Roissy-CDG fin 2026

Entre 3 et 4,5 milliards d’euros d’investissement d’ici 2035

Concernant le coût de ces nouveaux investissements, ADP table sur 3 à 4,5 milliards d’euros d’ici 2035, dont une grande partie sera allouée à la construction du nouveau métro intérieur. Le groupe précise que ce montant sera intégralement pris en charge par ADP et rappelle que le T4 à lui seul était estimé à 9 milliards d’euros pour 40 millions de passagers. « Ce programme de travaux est très ambitieux et aura une incidence sur notre exploitation et les opérations des compagnies aériennes », explique Justine Coutard, directrice générale déléguée d’ADP. L’ancienne directrice d’Orly rappelle que, dans ce contexte, la collaboration avec les compagnies est un point essentiel, notamment avec Air France dont le hub se trouve à Roissy. Anne Rigail, sa directrice générale, insiste sur la nécessité d’avoir un aéroport fonctionnel et compétitif afin de faire face à la concurrence : « Roissy est un aéroport stratégique pour l’activité d’AF puisque la moitié de nos voyageurs y sont en correspondance. Notre compétitivité est donc liée à l’attractivité de CDG ». 

La concertation publique sera ouverte à compter du 8 avril jusqu’au 8 juillet 2025, pour un premier bilan en octobre. Philippe Pascal conclut en insistant sur le fait que « tout est arrêtable et modifiable », l’objectif étant « d’embarquer tout le monde » pour parvenir à faire de Roissy une référence mondiale. 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici