Depuis qu’Air France a annoncé le regroupement de ses activités à Orly d’ici 2026, les syndicats sont sur le pont pour s’assurer du maintien des emplois à Paris et en région. Pour les aéroports concernés, la nouvelle est un coup dur, tout comme pour les voyageurs d’affaires empruntant régulièrement les lignes concernées.
Confronté à « une chute structurelle de la demande » sur ses lignes intérieures, Air France a annoncé le 18 octobre qu’elle quitterait Orly en 2026 afin de regrouper ses activités à Roissy, excepté les vols vers la Corse . La compagnie a rapidement tenté de rassurer les voyageurs en assurant qu’elle souhaitait positionner Transavia sur la desserte de Toulouse, Marseille et Nice depuis Orly et que les salariés devraient être transférés sur poste équivalent. Contacté par la rédaction de DeplacementsPros, Christophe Malloggi, secrétaire général FO Air France nous confirme que la délégation d’Orly représente plus de 400 emplois à plein temps : « Pour le moment il n’y a pas d’annonce de départ contraint. Les syndicats se regroupent et discutent avec les salariés afin de voir ensemble ce qu’ils souhaitent faire ». Et selon lui, l’enjeu de troubles psycho-sociaux est grand : « Il y a un réel attachement à ce hub, beaucoup de salariés habitent depuis des années à proximité pour être proche de leur lieu de travail, ils sont sous le choc ». Il ajoute : « Ce qui nous pose également problème est que, pour le moment, si un salarié refuse cette mobilité à CDG il sera licencié pour motif personnel car le hub de Roissy est considéré comme étant dans le même bassin d’emploi qu’Orly…Alors qu’il est à plus d’une heure en transport ». Des échanges avec la direction sont prévus dans les prochaines semaines, mais aucune négociation n’a débuté pour le moment.
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A Toulouse, la ligne Orly-Blagnac prisée par les voyageurs d’affaires
Christophe Mallogi déplore également le fait qu’Orly devienne un aéroport « low cost », à quelques mois de l’arrivée de la ligne 14 et après avoir tant investi pour relier l’aéroport à la capitale. A Toulouse, le projet d’Air France représente un « changement majeur pour notre aéroport et nos clients ». Pour l’aéroport, le trafic sur Paris représente 69% de son trafic de référence de 2019 en septembre 2023, avec 16 vols quotidiens de et vers Orly opérés par Air France et 5 vols avec easyJet. Philippe Crébassa, Président du Directoire d’Aéroport Toulouse-Blagnac, a tenu à rassurer les voyageurs en promettant de « construire une offre globale qui réponde à la fois aux besoins de notre clientèle affaires, sensible à la fréquence, la régularité et un service irréprochable, ainsi que d’une clientèle loisirs cherchant un bon rapport entre des prestations de qualité et l’attractivité des prix. »
Service low cost VS Air France
Du côté des voyageurs et des entreprises, cette décision pourrait être lourde de conséquence. A Nice, Eric Ciotti, Président des Républicains et député des Alpes-Maritimes dénonce une décision « honteuse ». A la récupération des slots par Transavia, l’homme politique a déclaré dans les colonnes de Nice-Matin qu’Air France « peut rendre ses créneaux à d’autres compagnies qui assureront un meilleur service que celui qui sera proposé ». Le président d’une grande société du Travel ayant des bureaux à Nice et Paris nous confie que l’arrivée du CDG Express en 2026/2027 devrait rendre le hub de Roissy beaucoup plus accessible depuis et vers Paris, à condition qu’il n’y ait pas de retard et que les tarifs soient raisonnables. Sur le fait d’emprunter une low cost pour les voyageurs souhaitant partir ou arriver à Orly, cela ne semble pas les inquiéter pour des courts trajets. Pour les détenteurs du programme de fidélité, Air France nous confirme que Transavia permet de cumuler des points Flying Blue et de gagner des XP pour passer d’un statut à un autre depuis juin 2021. La compagnie précise également que la low cost est intégrée aux contrats corporates depuis 2020. Reste à savoir si cette annonce profitera au ferroviaire et si un report modal aura lieu. Actuellement, la SNCF relie Paris et Nice via un trajet direct en 5h39, Toulouse en 4h23 et Montpelier en 3h30.