Filière SAF : « IATA annonce des objectifs inatteignables »

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Après la publication du rapport de IATA sur le développement de la filière SAF, nous avons demandé à Julien Etchanchu, Senior Director Sustainability chez Advito, si l’état des lieux fait par l’Association du transport aérien international était le bon. Sa réponse est cinglante…

En décembre dernier, IATA publiait un rapport sur le développement de la filière SAF au niveau mondial. Repris par la rédaction de Déplacements Pros, l’association déplorait un développement « trop lent » et accusait les gouvernements d’être en partie responsables de cette « lenteur décevante ». D’ici 2050, IATA préconise la construction de nouvelles centrales à combustibles renouvelables et un investissement de 128 milliards de dollars par an sur une période de 30 ans pour parvenir à l’objectif net zéro carbone. Enfin, à plus court terme, elle prédit une production de SAF à hauteur de 2,1 millions de tonnes en 2025, soit 13% de la capacité mondiale de carburant renouvelable. « Les gouvernements peuvent accélérer les progrès en supprimant les subventions à la production de combustibles fossiles et en les remplaçant par des incitations stratégiques à la production et des politiques claires en faveur d’un avenir fondé sur les énergies renouvelables, y compris le SAF », a déclaré Willie Walsh, directeur général de l’IATA. 

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Des chiffres qui ne sont (toujours pas) crédibles 

Pour Julien Etchanchu ce nouveau rapport n’est pas crédible. « IATA annonce des objectifs et des moyens pour y parvenir qui sont irréalisables », nous confie-t-il. Selon le responsable sustainability de chez Advito, le développement de la filière SAF n’est pas qu’une question politique mais de ressources. « En 2050, selon les prédictions de IATA, le trafic aérien va tripler. Parvenir à couvrir 10% des besoins en carburant grâce au SAF sera déjà énorme. L’industrie aérienne ne sera pas la seule à vouloir sa part du gâteau et il y aura un arbitrage. L’avion reste un mode de transport réservé à une faible part de la population mondiale et polluant, continuer de faire croire qu’il pourra être à 100% décarboné est une erreur, cela dessert la cause des professionnels du secteur », ajoute-t-il.

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Un rapport qui met en porte-à-faux les professionnels de l’industrie

Si l’expert admet que les compagnies aériennes sont de bonne volonté et font « ce qu’elles peuvent », le rapport de IATA reste difficilement compréhensible tant il met en porte-à-faux les acteurs de l’industrie. Selon lui, étant donné qu’il n’y a pas ou peu d’organismes qui publient des études ou des rapports sur le sujet, IATA bénéficie d’une oreille attentive et les compagnies se lancent dans une course à des objectifs inatteignables. Afin d’appuyer sa réflexion, Julien Etchanchu nous rappelle un rapport publié par IATA en 2008 qui prédisait un objectif de 10% d’utilisation de SAF par les compagnies d’ici…2017. « Ce chiffre était totalement erroné à l’époque et il l’est toujours », admet-il. Afin de décarboner l’aérien (sans parler de net zéro carbone d’ici 2050), le responsable sustainability de chez Advito propose d’arrêter d’espérer une amélioration de la filière SAF, de se tourner vers d’autres solutions et de, peut-être, envisager ou du moins se préparer à une réduction des vols. 

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