François Le Doze (Eurostar) : « la reprise du voyage d’affaires est forte »

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Le directeur commercial d’Eurostar fait le point pour nous sur la reprise de l’activité de l’opérateur ferroviaire trans-manche entre Paris et Londres, sur les règles sanitaires britanniques, sur le comportement des voyageurs d’affaires, sur les bons chiffres de la plateforme Eurostar for Business.

Avec la fin de la quarantaine pour les passagers en provenance de France le 8 août dernier, la reprise a été rapide. Pourriez-vous nous faire un point sur l’offre Eurostar aujourd’hui et pour les prochaines semaines, en terme de rotations quotidiennes, entre Paris et Londres ?
François Le Doze : De sept aller-retours quotidiens ces jours-ci, nous allons passer à neuf en novembre, avec des pointes de onze pendant certaines journées des vacances de la Toussaint et probablement de Noël. Nous sommes impressionnés par l’importance de la demande, que ce soit sur le loisir ou le business. La reprise est plus forte que prévue. Les gens anticipent des mesures d’assouplissement du côté britannique.

Aujourd’hui, les règles à l’arrivée au Royaume-Uni génèrent encore quelques freins. Il faut avoir réservé, avant de partir, le test PCR J+2 à réaliser sur place. Un système basé sur la confiance. Bientôt, des tests antigéniques remplaceront ces tests PCR, ce sera plus simple, plus rapide et moins cher. Pas sûr que ce soit plus flexible en revanche si le Passenger Locator Form est maintenu. Du côté de l’offre, nous pouvons rajouter des trains en fonction de l’évolution de la demande, que nous pouvons anticiper. Nous savons aussi que l’offre crée la demande…

Quand prévoyez-vous un retour au nombre de fréquences d’avant-crise ?
Nous assurions entre quinze et seize rotations par jour avant la crise, avec parfois des pointes jusqu’à dix-neuf aller-retours quotidiens. Tout le monde se pose bien sûr la question de l’impact du télétravail et de la visio sur les déplacements. Nous aurons besoin probablement de quelques années pour aller chercher les derniers pourcentages qui nous séparent de cette « normalité » de la période pré-pandémique.

Dans le même temps, la dimension RSE est favorable au train…
La conscience écologique s’est bien installée pendant la pandémie. On le constate dans les discussions avec les grands comptes. Les entreprises mettent ce critère environnemental désormais en haut de leur priorité. Cela doit nous permettre d’aller prendre quelques parts de marché à l’aérien.

Cette rentrée 2021 marque donc la reprise des voyages d’affaires…
En effet, depuis septembre. Nous ne sommes bien sûr pas revenus à notre niveau pré-Covid. Et nous manquons de recul pour savoir quelle est aujourd’hui la part du segment affaires. Mais nous mettons jusqu’à quatre ou cinq voitures Business Premier sur certains trains. Et tout est vendu. Je tiens à préciser qu’une grande majorité des passagers de cette classe sont des voyageurs d’affaires.

Avez-vous constaté des changements dans le comportement des voyageurs d’affaires ?
J’ai été surpris par leur retour en classe Business Premier. On pouvait s’interroger sur le budget alloué au voyage d’affaires. Il est maintenu. La surprise est clairement le mix sur les classes de voyage. Dans un contexte de reprise il est bien sûr difficile de comparer. Mais on le voit bien avec les grands comptes, il y a un appétit de voyager. Sur les derniers mois, nous avions constaté aussi un souhait de rester plus longtemps à destination, de moins privilégier les aller-retours journée. Il faudra juger de la pérennité de cette évolution après la crise.

Votre plateforme Eurostar for Business, dédiée aux entreprises, fête son premier anniversaire…
Nous avons atteint ces jours-ci le chiffre de 600 entreprises inscrites sur cette plateforme, surtout des PME. Et le tiers d’entre elles ont déjà effectué des réservations, sachant que beaucoup n’ont pas eu l’occasion de voyager depuis leur inscription. Ce chiffre s’inscrit dans un contexte de Covid, Eurostar for Business ayant en effet été lancée pendant la crise. Il est très positif et augure d’un bel avenir. Le nombre d’inscriptions a triplé depuis la rentrée, illustrant ainsi le retour du voyage d’affaire. Les surclassements sont le principal avantage d’une adhésion à la plateforme.

Quid de vos salons Business Premier ?
Nos salons de Paris, Londres et Bruxelles ont rouvert en août 2020, avec un choix un peu réduit. L’offre reviendra à la normale avec la réouverture de nos très populaires bars à cocktail et smoothie début 2022.

Vous insistez sur la flexibilité des billets. Jusqu’à quand les passagers pourront-ils échanger leurs billets Standard et Standard Premier autant de fois qu’ils le souhaitent, sans payer de frais ?
Cette possibilité de changer sans frais ces billets est là pour durer. Nous étions un peu rigide avant la crise. Les passagers étaient confrontés à ce manque de souplesse alors qu’ils étaient prêts à payer un peu plus pour en avoir davantage.

Avez-vous quelque peu modifié votre programme de fidélité Club Eurostar et les trois niveaux d’adhésion pour vos cartes (Classique, Avantages et Blanche) ?
Non, pas de changement. Nous avons juste maintenu le statut des voyageurs pendant la crise, sachant que ceux-ci n’ont pas pu beaucoup voyager pendant cette période.