Le projet européen de taxation du kérosène «contre-productif» selon IATA

0
557

Pour l’association internationale du transport aérien, l’aviation est engagée dans la voie de la décarbonation et n’a pas besoin de mesures punitives.

La Commission européenne a dévoilé ce mercredi son ambitieux projet Climat, soit une douzaine de mesures devant permettre d’atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effets de serre. Parmi ces propositions, l’une d’elle vise à taxer progressivement, sur dix ans, le kérosène pour les vols à l’intérieur de l’UE (vols domestiques inclus). Une très mauvaise idée, selon Willie Walsh, le directeur général de IATA (association internationale du transport aérien), estimant que les taxes « siphonnent l’argent de l’industrie qui pourrait soutenir les investissements » visant justement à réduire les émissions générés par le transport aérien, à commencer par ceux consacrés au renouvellement des flottes avec des avions plus propres.

La proposition européenne, via une taxation plus avantageuse, veut inciter au recours massif aux carburants durables, et surtout à un rythme plus rapide que celui envisagé par le secteur. Les grandes compagnies aériennes européennes – dont Air France-KLM – anticipent pour leur part une distorsion de concurrence avec les transporteurs extra-européens qui ne seront pas soumis à une telle taxe. L’association A4E (Airlines for Europe) prévoit un déplacement des émissions carbone vers d’autres régions du monde, dont la Chine et les pays du Golfe.

Verra-t-on en effet les compagnies européennes, lorsque c’est possible, aller remplir les réservoirs de leurs avions plutôt dans les pays extra-européens de destination pour éviter de payer la taxe carbone ? L’Europe y apporterait une réponse dans son projet, en imposant que 90% de l’avitaillement de kérosène se fasse dans le pays de départ. A condition bien sûr qu’une telle mesure soit réaliste sur le plan opérationnel !

Greenpeace juge pour sa part les propositions européennes insuffisantes et les mesures d’exemption – notamment de l’aviation d’affaires – trop nombreuses.