L’électrification des flottes automobiles, la réponse à tout ?

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Alors que la pénurie de carburant force de nombreux automobilistes à délaisser leur voiture, les propriétaires de véhicules électriques se frottent les mains. Mais face à la hausse du prix de l’électricité, au délai de production et au prix à l’acquisition, le 100% électrique est-il réellement la bonne option ? Entre objectifs RSE, économie de coût et optimisation, les gestionnaires de flotte naviguent à vue.

Parue en décembre 2019, la loi d’orientation des mobilités (LOM) stipule que d’ici 2030, les entreprises devront comptabiliser au moins 50% de véhicules à faible émission dans leur parc automobile. En 2035, plus aucun véhicule thermique ne sortira d’usine. Au pied du mur, entreprises, loueurs, sociétés de taxi ou bien encore VTC ont débuté, doucement mais sûrement, leur transition vers des flottes à faibles émissions. A ces objectifs chiffrés se sont ajoutés la crise sanitaire, une hausse des prix de l’énergie et du carburant, et plus récemment, une pénurie obligeant de nombreux automobilistes à laisser leur voiture au garage.

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Ce jeudi 13 octobre, près de 50% des stations n’ont pas été alimentées en carburant en Ile-de-France et plus d’un tiers des stations sont désormais concernées au niveau national. Au-delà des défis RSE et des objectifs de décarbonation, le passage à l’électrique ne serait-il pas la réponse à tous nos problèmes ? Chez SIXT, c’est certain, l’industrie automobile va dans la bonne direction : « Avant la loi LOM et tous ces problèmes géopolitiques ou d’énergies, nous nous étions déjà engagés sur une électrification de notre parc qui atteindra entre 70% et 90% d’ici 2030 en Europe », nous confie Jacques de Villeplée, directeur commercial France et Benelux.  Que cela soit chez G7, Freenow ou Uber, tous ont également accéléré leur transition vers l’électrique et misent sur des flottes à faibles émissions.

Entre discours de l’Etat et réalité du terrain

Seulement voilà, le prix de l’électricité a considérablement augmenté et le déploiement des bornes de recharge peine à couvrir l’intégralité du territoire. « Il est vrai que le contexte est très anxiogène. L’Etat ne semble plus savoir où il en est avec un discours en faveur de l’électrique, mais d’un côté il y a un vrai problème de réseau, qui était déjà annoncé et qui est bien plus grave que prévu. En parallèle, au-delà de la guerre en Ukraine il y a un défaut de planification, des problématiques industrielles…Tout cela s’additionne », déclare Laurent Garnier, président d’iDeMa.

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Pour Jacques de Villeplée, même si les discours et les politiques mises en place sont contradictoires, sortir de notre dépendance au véhicule thermique reste la bonne solution : « Les énergies fossiles c’est terminé, dans 100 ans il n’y en aura plus. Donc oui, l’électricité coûte cher mais il faut désormais passer d’une vision TCO (Total Cost of Ownership) à une vision TCM (Total Cost of Mobility), c’est-à-dire ne plus regarder combien me coûte la voiture mais la mobilité globale de mon collaborateur ». Selon lui, les acteurs du secteur ont un rôle essentiel à jouer afin d’accompagner les entreprises dans cette transition : « Nous sommes dans une période de transition stressante et compliquée pour les décideurs. Il est important pour nous, loueurs, d’accompagner ce changement. Nous sommes convaincus que oui, il faut y aller ».

Miser sur un parc mixte

Et les entreprises sont de plus en plus demandeuses de ce type de véhicules, malgré le contexte économique. En revanche, faut-il faire le choix d’une flotte 100% électrique ? « A mon sens, avoir un parc mixte est la solution idéale. Il faut revenir à des véhicules basiques, établir une nouvelle car policy et être capable de proposer du thermique, de l’hybride et de l’électrique », explique Laurent Garnier. Selon lui, les véhicules thermiques ne sont pas morts et l’avenir pourrait lui donner raison : « Il est possible que les prix du Diesel baissent par exemple ou que l’on se rende compte que nous n’avons pas la capacité pour alimenter tous ces véhicules électriques ».

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Une marche arrière que le gouvernement pourrait en effet décider de faire lors de la prochaine révision du texte de loi prévue pour 2026 : « Il faut peut-être investir dans la recherche afin de créer de nouveaux carburants moins polluants », questionne le directeur commercial de SIXT, « développer l’hydrogène pour les poids lourds par exemple, pour moi cela fait sens ». Alléger le poids des voitures, créer des véhicules moins énergivores, de nouveaux carburants… Les solutions pourraient être nombreuses. Pour Laurent Garnier, la réduction des émissions et les changements d’habitudes passeront également par la multimodalité : « Aujourd’hui comment est-ce que j’accède à une gare si je n’habite pas en ville ? C’est une vraie question et je pense que les gens se passeraient davantage de leur voiture si les réseaux de transport étaient plus étendus ».