Location de voitures : « Sur la clientèle Affaires l’arrêt s’est fait du jour au lendemain »

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Durement touché par la crise économique liée à la crise sanitaire, le marché des loueurs de voitures a vu son activité baisser drastiquement en 2020 et peine à entrevoir une véritable reprise sur le marché Business en 2021. Télétravail, retour de la clientèle internationale, hausse des prix… Les loueurs adaptent leurs offres et espèrent un retour des déplacements professionnels en septembre prochain. 

Chez Virtuo, l’activité a baissé de plus de 80% durant les épisodes de confinements : « L’année 2020 a été de la folie avec des périodes proches de l’activité 0, puis une reprise en juin 2020 où de nouvelles opportunités sont apparues. Depuis avril 2021, date à laquelle le plan de déconfinement a été annoncé, les discussions avec les entreprises ont pu reprendre, on se sent davantage écouté d’un point de vue commercial », déclare Stanley Baudu, directeur de Virtuo for Business. Chez SIXT, la décroissance a atteint les -36% sur l’année, par rapport à 2019 : « Un chiffre pas si alarmant et en deçà des autres loueurs du marché quand on sait que la moyenne est de 70% et que cela a même atteint les 90% durant le premier confinement », confie Jacques de Villeplée, directeur commercial France chez SIXT. Pour Guirec Grand-Clément, Vice-Président de la branche mobilités partagées au Conseil National des Professions de l’Automobile (CNPA), l’impact de cette crise a été très fort et l’industrie, en particulier le volume d’affaires Corporate, a connu un arrêt brutal en 2020 : « Sur la clientèle Affaires l’arrêt s’est fait du jour au lendemain et encore aujourd’hui nous constatons une très forte baisse de l’activité par rapport à 2019, notamment sur les locations après en voyage en train ou en avion en milieu de semaine. L’activité reprend peu à peu mais cela reste timide et les locations Affaires deviennent plus locales ».

Le marché Loisirs boosté par la saison estivale, le Corporate en berne

En effet, si le secteur BtoC profite du déconfinement progressif et des vacances, la clientèle Corporate devra encore attendre septembre : « Cet été ce sont les touristes, français pour la plupart, qui vont driver l’activité », admet Stanley Baudu. Et même sur la cible Loisirs, le marché reste impacté par le manque de clientèle étrangère : « Il y a un véritable manque à gagner pour les grosses plateformes telles que Orly ou Roissy, où les locations se font principalement auprès de la clientèle américaine ou étrangère. Cette année encore, la clientèle sera avant tout française », explique Guirec Grand-Clément. Si la reprise des voyages d’affaires s’annonce « lente », elle n’en restera pas moins existante : « Nous allons assister à la rentrée à un retour des rendez-vous externes, notamment à but commercial. Le télétravail et la visioconférence limiteront en revanche encore les réunions en présentiel et donc les retours au bureau. Les structures comme les gares ou les aéroports vont devoir s’y adapter », ajoute-t-il.

Un optimisme raisonné

Mais comme dans de nombreux secteurs, l’heure est à l’adaptation et à l’optimisme raisonné : « Cette crise nous a finalement permis d’accélérer la digitalisation de nos offres et d’en créer de nouvelles. L’objectif : gagner en agilité et en flexibilité », explique Jacques de Villeplée. Chez Virtuo, l’intégration prochaine de leur solution dans plusieurs outils Travel devrait permettre de toucher un marché plus large, venant compléter l’offre des loueurs traditionnels. Pour Stanley Baudu, cela aurait dû se faire avant mais, « la crise est venue casser cet élan d’innovation. Les TMC qui se projetaient se sont au final concentrées sur leur propre business et il a fallu redoubler d’efforts de notre côté pour qu’on nous sollicite à nouveau ».

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A la question : doit-on craindre une hausse des prix dans les prochains mois ? Les 3 professionnels bottent en touche. « Pour le BtoC, les tarifs du marché de la location de véhicules évoluent en fonction de l’offre et de la demande. De notre côté, nous n’aurons pas d’autres choix que de nous aligner sur les prix des loueurs traditionnels. En revanche, sur le segment BtoB les tarifs ne devraient pas augmenter », déclare Stanley Baudu. Chez SIXT, cela dépendra de l’évolution des prix du côté des constructeurs automobiles, notamment en matière de flotte électrique. Quoi qu’il advienne, pour Guirec Grand-Clément, dans le secteur Affaires, les contrats annuels seront honorés comprenant les prix négociés au préalable par les entreprises. Pour la suite, « cela dépendra de l’évolution du marché et des coûts ».