Le Lufthansa Group (1) a lancé en février 2023 ses Green Fares, des tarifs incluant à la fois le prix du vol et celui de la compensation de la totalité des émissions de CO2 qu’il génère. Une offre jusqu’à présent proposée uniquement pour les vols court et moyen-courriers, qui sera bientôt étendue aux long-courriers : ils seront disponibles dans le monde entier, dans toutes les classes de voyage, pour plus de 850 000 vols par an, à partir du 4 décembre.
Cette compensation, avec deux offres « Green Fares » – Economy Green et Business Green – est obtenue en utilisant 20 % de SAF, et 80 % en contribuant à des projets de protection du climat (2). Pour les vols intercontinentaux, le ratio est un peu différent, avec 10 % des émissions de CO2 réduites par le SAF et les 90 % restants compensés par les contributions à des projets climatiques.
Un an après son lancement, une moyenne de 3% des passagers avaient eu recours à ces offres, selon le groupe aérien. Aujourd’hui, ce dernier estime à 4% ses passagers privilégiant une option de vol plus durable, sans préciser toutefois la part de ceux choisissant les Green Fares (ils peuvent également opter pour la compensation des émissions de CO2 avec d’autres tarifs ; le groupe aérien a également lancé la plateforme de compensation Compensaid en 2019).
Swiss, l’une des filiales du Groupe Lufthansa, estime de son côté à environ 5 % la part de ses passagers « ayant activement choisi d’améliorer la viabilité environnementale de leur voyage. En Business Class, ce chiffre a même atteint jusqu’à 20 % ». La compagnie suisse précise qu’elle a testé les tarifs Green sur certains vols long-courriers avant de les étendre à tous. « L’offre a été particulièrement plébiscitée sur la ligne Zurich – Los Angeles puisqu’elle s’est appliquée à 6 % des réservations », indique-t-elle.
Que penser de ce chiffre de 4% pour le Lufthansa Group ? A première vue, le transporteur se montre satisfait, avec les plus de deux millions de passagers ayant réservé un Green Fare depuis son lancement. Lesquels auraient compensé près de 190 000 tonnes de CO2, ce qui correspondrait aux émissions de CO2 de plus de 1 300 vols entre Munich et New York avec un Airbus A350. Et le Lufthansa Group de se féliciter de l’intérêt croissant de ses passagers pour ces tarifs.
A ceux qui relèveront que ce chiffre de 4% reste quand même modeste, on peut objecter que l’offre de carburants durables est encore très limitée. Autre frein, les programmes de compensation soulèvent des interrogations, au point qu’une compagnie comme easyJet a décidé en 2022 d’arrêter son programme, se concentrant sur la réduction des émissions de CO2.
Mais le vrai obstacle à la demande pour des Green Fares n’est-il, d’abord, le supplément conséquent à payer pour en bénéficier. Comme le notait en exemple le site allemand aeroTELEGRAPH lors du lancement des Green Fares, le tarif Economy Flex (sans compensation) sur un vol testé coûtait 129 euros, quand le nouveau tarif Economy Green était affiché à 239 euros.
Or, on sait que le passager est prêt à payer plus pour être en paix avec sa conscience écologique, mais pas au-delà d’un certain point. Une étude de la Chaire Pégase diffusé l’an dernier estimait que les plus de 25 ans étaient prêts à payer 8% plus cher, en moyenne, leurs billets d’avion pour limiter leur empreinte écologique. Et les 15-24 ans, qu’on dit les plus sensibles à ces questions, jusqu’à 14% plus cher…
(1) Les green fares concernent toutes les compagnies du groupe, soit Lufthansa, Austrian Airlines, Brussels Airlines, SWISS, Edelweiss, Discover Airlines et Air Dolomiti, à l’exception d’Eurowings qui propose également un tarif pour un vol plus durable sous le nom de PlanetBlu.
(2) Le portefeuille de compensation des émissions de CO2 du Groupe Lufthansa comprend actuellement 19 projets provenant des prestataires myclimate, Climate Austria, SQUAKE et ClimatePartner.