La consolidation du ciel européen est en cours. Début juillet, la Commission européenne donnait son feu vert à la prise de participation, par le Lufthansa Group (Lufthansa, Brussels Airlines, Swiss, Austrian…), de 41% du capital d’ITA Airways. La semaine dernière, Air France-KLM confirmait avoir obtenu les autorisations réglementaires européennes et états-uniennes, officialisant ainsi l’acquisition de 19,9% du capital de la compagnie scandinave SAS, avec à terme la possibilité d’augmenter sa participation et de devenir l’actionnaire de contrôle. IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling, Level), craignant un veto des autorités de la concurrence à Bruxelles, a en revanche annoncé cet été qu’il renonçait à Air Europa, mettant fin à un feuilleton ayant duré cinq ans.
Pour les trois grands groupes européens, la prochaine cible est désormais toute désignée. Elle se nomme Tap Portugal. Son patron Luís Rodrigues, dans une récent interview au média portugais Expresso, a laissé entendre que le processus de privatisation de la compagnie portugaise interviendrait après l’été.
Le Lufthansa Group est le premier à sortir du bois. Son directeur général Carsten Spohr était à Lisbonne ce lundi pour rencontrer les ministres en charge du dossier. Il a suggéré une prise de participation de 19,9% dans le capital du transporteur lusitanien. Une telle participation en dessous du seuil des 20% lui permet d’éviter d’avoir à demander l’approbation des autorités de la concurrence européenne, comme l’ont rappelé plusieurs sources ces jours-ci. Mais on se doute que les trois groupes ont la même ambition de devenir actionnaire de contrôle. Ce qui tombe bien : le Premier ministre Luís Monténégro avait indiqué, lors de la campagne pour les élections législatives gagné par le centre-droit en mars dernier, qu’il souhaitait privatiser entièrement TAP Portugal. Et l’on ne doute pas que le gouvernement portugais saura habilement faire monter les enchères.
L’objectif du gouvernement est le développement du hub de Lisbonne. Dépendante du tourisme au Portugal, la compagnie portugaise est aussi très présente en effet sur le transatlantique – et notamment la desserte de l’Amérique latine, à commencer par le Brésil – et dans une moindre mesure l’Afrique dont les pays lusophones.
En mai dernier, Luís Monténégro a annoncé que le gouvernement avait choisi Alcochete (district de Setubal), sur les rives du Tage, pour l’emplacement du nouvel aéroport international de Lisbonne. L’actuel aéroport Humberto Delgado, proche du centre de Lisbonne, est en effet saturé. Situé pour sa part à 35km de la capitale portugaise, le futur aéroport Luís de Camões – le nom d’un grand poète portugais du XVIe siècle – devrait voir une première tranche inaugurée en 2030.