L’agence de notation et d’analyse économique table sur une forte reprise de l’activité aérienne dès la levée des restrictions liées à la crise sanitaire, y compris sur le segment des déplacements professionnels.
Le secteur du transport aérien est de nouveau dans la tourmente. L’explosion des cas liés au variant Omicron a provoqué fermetures des frontières et autres restrictions aux déplacements, notamment en Europe. Et la multiplication des arrêts maladie a déjà obligé certains transporteurs à réduire la voilure. Selon le site FlightAware, plus de 3 400 vols dans le monde ont été annulés la seule journée du 4 janvier. Le mauvais temps a également perturbé gravement le trafic aérien outre-Atlantique. A cela s’ajoute l’obligation pour de nombreuses compagnies de faire voler des appareils à vide pour conserver leurs créneaux de décollage et d’atterrissage.
Moody’s tient toutefois à relativiser la gravité de la situation actuelle : «Bien que très médiatisées, les annulations de vols ne constituent qu’un problème temporaire pour les compagnies aériennes. Et le taux d’annulation diminuera dans les semaines à venir. Janvier est le mois le plus léger de l’année pour les voyages en avion. Et il n’y a rien d’exceptionnel, pour le secteur, à devoir gérer des perturbations liées aux conditions climatiques en hiver». L’agence spécialisée dans l’analyse financière et les solutions de gestion des risques s’attend donc à ce que l’impact financier des annulations soit modeste, « réduisant marginalement le flux de trésorerie d’exploitation au cours de ces semaines ». Un impact d’autant plus limité que plusieurs compagnies tel easyJet ont annulé ces dernières semaines de nombreux vols qui n’étaient pas rentables.
Pour Moody’s, la situation actuelle ne fera pas dérailler la reprise de l’industrie du transport aérien cette année. Et l’activité devrait fortement reprendre dès la levée des restrictions aux déplacements. « Nos perspectives mondiales pour les compagnies aériennes de passagers restent positives. Nous continuons à penser que la demande et l’envie de voyages en avion restera forte en 2022 et au-delà (…), que le nombre de passagers va fortement augmenter dans les deux prochaines années». Ainsi, en se basant sur ses estimations portant sur une vingtaine de compagnies représentant 35% de l’activité de l’industrie mondiale du transport aérien, Moody’s anticipe des revenus de 275 milliards de dollars cette année, contre 165 en 2021.
Cet optimisme se retrouve d’ailleurs en bourse, avec la bonne tenue des cours des grands groupes du transport aérien européen ces jours-ci. Les gouvernements ont, il est vrai, déjà tellement fait pour soutenir leurs champions du transport aérien qu’ils ne vont surement pas les lâcher dans la dernière ligne droite. Ainsi, Air France-KLM aurait encore besoin de 4 à 6 milliards d’euros pour assainir ses finances et retrouver un niveau d’endettement supportable. Alors que le groupe aérien a déjà reçu plus de 14 milliards d’euros d’aides des États français et néerlandais… « Il ne s’agira pas seulement de convaincre l’État actionnaire, mais bien les investisseurs privés: sans eux, Air France ne sera pas en mesure de financer son avenir« , rappelait toutefois le quotidien Les Échos ce jeudi, annonçant que le groupe franco-néerlandais allait devoir procéder à une nouvelle augmentation de capital de 1 à 2 milliards d’euros en 2022.
Moody’s s’attend également à une reprise des voyages d’affaires des grandes entreprises : « Avant Omicron, nous nous attendions à ce que cela commence en janvier, mais nous prévoyons désormais que l’amélioration des voyages d’affaires des grandes entreprises sera reportée à la seconde moitié du premier trimestre ».
Les compagnies aériennes scruteront également l’évolution des cours du pétrole, le kérosène comptant pour une part très importante de leurs coûts. Les incertitudes restent donc multiples. Avec un virus qui a peut-être encore plus d’un tour dans son sac. Et le variant Omicron aura, sur ce point, parfaitement fait office de piqure en rappel.