À l’heure de la transition écologique, le transport ferroviaire devrait être la solution de choix pour les voyageurs. Pourtant, selon deux études menées par UFC que Choisir et Réseau Action Climat, l’avion reste le mode de transport le plus économique sur de nombreuses liaisons.
Le dernier rapport du Réseau Action Climat (RAC), croisé avec une enquête de l’UFC-Que Choisir, dresse un constat sans appel : si le train est compétitif sur certaines liaisons directes, il se fait distancer dès qu’il y a une correspondance ou que les liaisons sortent des classiques Paris-province. Sur 48 liaisons intérieures françaises étudiées par l’UFC, le train est 40% moins cher que l’avion lorsqu’il existe une liaison directe, mais devient 10% plus cher dès qu’une correspondance est nécessaire.
A l’échelle européenne les écarts entre les deux modes de transport sont encore plus frappants. Selon les chiffres de Greenpeace, un billet de train entre Paris et les grandes capitales européennes coûte en moyenne 2,5 fois plus cher qu’un billet d’avion. Par exemple, un Paris-Milan en train coûte en moyenne 151 € en train contre 48 € en avion. Sur un Paris-Londres le billet de train coûte en moyenne 120 € contre 44 € en avion.
Pourquoi un tel écart ?
Selon le rapport de RAC, l’avion ne paie pas de taxe sur le kérosène et bénéficie d’une TVA nulle à l’international, alors que le train s’acquitte de la TVA et de taxes sur l’électricité. Pour un Paris-Barcelone, ces avantages représentent 30 à 40 € par passager. En parallèle, les péage ferroviaire sont en constante augmentation et les trains à grande vitesse supportent des coûts d’infrastructure très élevés. Sur un Paris-Barcelone, la moitié du prix du billet est dédiée aux péages.
De même, la tarification dynamique, pratiquée par les deux secteurs est à double tranchant. Si la SNCF plafonne ses prix sur le domestique, ce n’est pas le cas des compagnies aériennes dont les prix peuvent grimper… ou s’effondrer, notamment chez les compagnies low cost (billets Ryanair à 15 € sur certaines dates). Enfin, le rapport met en évidence le faible nombre de trains directs, la réduction des fréquences et le manque de liaisons transversales ou internationales, ce qui fait grimper les prix du rail lors des pics de demande.
Mettre fin aux avantages fiscaux des compagnies aériennes
Afin de rééquilibrer les prix, les deux rapports préconisent plusieurs solutions, dont la fin des avantages fiscaux pour l’aérien (taxe kérosène, rétablissement de la TVA à 20% sur les vols internationaux) ; la baisse des péages pour les trains internationaux et transversaux ; le développement de l’offre de trains directs entre les villes de province et la relance du train de nuit ; et la mise en place d’une réforme donnant le droit à un billet de train lors d’un congé annuel ou des tarifs réduits.
Pour le moment, alors que la France vise une décarbonation accélérée de ses mobilités, le report modal de l’avion vers le train reste largement freiné par la structure même des prix et le manque d’offre sur de nombreux axes. Les voyageurs, qu’ils soient d’affaires ou de loisirs, continuent de choisir l’avion… souvent à contre-cœur, mais par nécessité.