Rémunération des chauffeurs VTC : LeCab se rêve en leader de la condition sociale

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Le 18 janvier dernier, un accord a été signé par les principales organisations syndicales sur un revenu minimum pour les chauffeurs de VTC. Fixé à 7,65 euros, ce tarif plancher sera appliqué par toutes les plateformes en France. LeCab a souhaité de son côté l’augmenter de plus de 20% et assurer un nouveau mode de rémunération pour un secteur plus durable et respectable. Explications avec Yves Weisselberger, Président de LeCab et de la Fédération Française du Transport de Personnes sur Réservation (FFTPR). 

Pouvez-vous revenir sur le contenu de l’accord qui a été signé le 18 janvier dernier ? Qu’en est-il du nouveau mode de rémunération chez LeCab ? 

L’accord qui a été signé le 18 janvier dernier est venu finaliser des discussions entamées depuis plusieurs mois entre les représentants syndicaux des chauffeurs VTC et les organisations professionnelles que sont l’API et la FFTPR. Les chauffeurs VTC sont des travailleurs indépendants qui travaillent avec des sociétés pour les besoins de leur activité. Depuis la loi LOM, un système d’élections professionnelles pour les chauffeurs VTC a été mis en place. Dans ce cadre-là nous avons été amenés, tous ensemble, à trouver un accord de branche afin de faire évoluer d’un point de vue social le métier de chauffeur VTC. Dans le cadre de cet accord sectoriel, nous avons voté pour la mise en place d’un revenu minimal net par course de 7,65 euros pour les chauffeurs.

Yves Weisselberger, Président de LeCab

Chez LeCab, nous avons décidé de majorer ce fixe à 10 euros, soit 24% de plus. A compter du 6 février prochain, plus aucun chauffeur ne touchera moins de 10 euros net par course, même pour une course de 100m seulement. En parallèle, et là est l’élément fondamental du dispositif, nous assurons un revenu minimum de 35 euros de l’heure pour chaque chauffeur qui décide de travailler avec nous. Nous sommes actuellement les seuls à le faire et c’est une garantie que personne n’offre. Cette décision en faveur des chauffeurs est le résultat de nombreux questionnements et débats autour du traitement social de cette profession.

Pourquoi avoir pris une telle décision qui, je suppose, n’est pas totalement désintéressée ? 

C’est effectivement une réflexion gagnant-gagnant. D’un côté, les chauffeurs sont assurés de gagner à minima 35 euros de l’heure, quelque soit le nombre d’heures travaillées. Cela va nous permettre d’inciter de nouveaux chauffeurs à travailler avec nous et donc de pouvoir nous développer davantage. Si l’on augmente le nombre de chauffeurs présents sur nos plateformes, nous améliorons la qualité de nos services (temps d’attente réduit, meilleure couverture nationale…). L’impact n’en sera que positif des deux côtés.

> A lire aussi : Qu’est-ce que le revenu minimum des chauffeurs de VTC va changer pour les voyageurs d’affaires ?

En parallèle, notre clientèle est à 70% corpo et à 30% loisirs. Les entreprises sont de plus en plus attentives à ce type de dispositif, en phase avec leur politique RSE. Certaines, mais c’est de plus en plus rare, demandent toujours des prix bas et de bonnes conditions sociales pour nos chauffeurs, ce qui est impossible. Auparavant, lorsque le voyageur réservait une course qui lui coûtait seulement 8 euros il avait conscience, du moins je l’espère, que le chauffeur qui allait accepter cette course était déficitaire. La situation se devait d’évoluer en leur faveur pour garantir de meilleures conditions sociales. Ce que nous souhaitons aujourd’hui est de faire partie des leaders sur ce plan et contribuer positivement si l’on souhaite que le secteur évolue et que l’activité soit pérenne en construisant quelque chose de durable et de plus respectable.

Les acteurs du secteur sont-ils plus enclins au changement ? La question du statut de « salarié » revient-elle souvent sur la table ? 

Le secteur est aujourd’hui enclin au changement et les acteurs eux-mêmes sont prêts à faire des efforts. Cela n’a plus rien à voir avec l’époque où les premières plateformes de mise en relation avec des chauffeurs VTC sont arrivées sur le marché il y a quelques années. Sur la question du statut de salarié, à savoir si oui ou non les chauffeurs doivent être considérés comme tel ou des indépendants, il y a de nombreuses discussions au niveau européen. La France a pris position en considérant que ces chauffeurs sont des indépendants mais que l’industrie a un devoir de protection sociale. Les chauffeurs VTC ne sont pas les seuls concernés par ailleurs. La question aujourd’hui est comment faire évoluer le travail non-salarié.

Concrètement qu’est-ce que cela change pour le client ? Va-t-il devoir payer plus cher ? 

Pour le voyageur il n’y a pas de conséquence directe sur le prix des courses en général. Cela concerne uniquement les petites courses inférieures à 12 euros (commission et frais compris) mais cela ne représente que 5% de notre activité. Pour les autres courses, nous assumons de compléter le ratio pour garantir la rémunération du chauffeur et un prix juste pour le client.

Quels sont vos projets en 2023 ? LeCab va-t-il s’ouvrir à la multimodalité ou à l’international comme certains de vos concurrents ? 

L’année 2023 va en effet être chargée pour Le Cab. Nous avons des projets en matière de multimodalité mais les intégrations se feront au compte-goutte. Aujourd’hui, notre activité est 100% VTC et nous restons sur un positionnement très corporate. Notre cœur de cible est et restera les entreprises. Nous sommes actuellement présents dans 24 villes en France et non pas uniquement en région parisienne. Concernant l’internationalisation, là aussi c’est un projet mais rien ne se fera avant fin 2023, nous souhaitons pour l’heure nous concentrer encore sur le France. Ce qui est certain est que la demande de mobilité structurelle reste croissante, elle est de plus en plus forte.