L’Espagnol CAF vient de remporter un appel d’offre SNCF de 700M€ au nez et à la barbe du groupe français.
C’est bien connu, les divorces, ça fait mal et ça coûte cher. Celui d’Alstom et de la SNCF ne fait pas exception. L’appel d’offres de la SNCF, perdu par le groupe français et remporté par son concurrent espagnol CAF (Construcciónes y Auxiliar de Ferrocarriles) fait effectivement figure de séparation pas vraiment à l’amiable. En jeu : vingt-huit automotrices Intercités, et une option sur 75 rames supplémentaires, en remplacement de trains Corail des lignes Paris-Clermont et Paris-Toulouse, vieux de quarante ans.
La note est salée : le contrat s’élève à 700 M€, et cette décision d’achat transpyrénéen mettrait en danger tout ou partie des 800 emplois de l’usine Alstom de Reichshoffen (Alsace), selon les syndicats. Nul doute que ceux-ci feront corps avec leur direction pour faire pression sur l’opérateur ferroviaire d’ici au 24 octobre, date à laquelle cette décision devra être confirmée par son conseil d’administration. En 2016, un cas similaire avait déclenché une mobilisation telle qu’un revirement de la SNCF avait été obtenu, au profit d’Alstom… aux dépends de CAF.
Confirmée ou non, la dernière commande signée par Guillaume Pepy (dont la succession par Jean-Pierre Farandou a été annoncée mercredi 18 septembre) met un sérieux coup de canif dans une idylle vieille de plusieurs décennies, comprenant notamment une co-conception du TGV… Dès lors, le choix de la SNCF « est vécu comme une offense », considère, dans une chronique, Jean-Michel Bezat, journaliste au Monde.
« L’offre de CAF s’est avérée la meilleure sur les critères de performance technique, d’innovation et de coût », explique la SNCF. Qui rappelle, en forme de justification, que si les rames seront fabriquées en Espagne, elles seront assemblées en France, sur le site CAF de Bagnères-de-Bigorre, dont les effectifs passeraient de 100 à 350 salariés. Bagnères-de-Bigorre, charmante sous-préfecture des Hautes-Pyrénées, chère à Emmanuel Macron et à son allié François Bayrou.