Surprise : Air France n’entrera pas au capital de Virgin Atlantic

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Tout semblait prêt pour qu’en vertu d’un accord prévu il y a deux ans Air-France-KLM entre au capital de Virgin Atlantic. Ce ne sera pourtant pas le cas.

Le 21 novembre dernier, le ministère américain des Transports accordait l’immunité antitrust (ATI) à l’extension de la coentreprise transatlantique unissant Air France-KLM, Delta Air Lines et Virgin Atlantic. En vertu d’un accord signé en 2017, ce partenariat commercial était aussi une opération capitalistique, Air France devant acquérir 31 % de Virgin Atlantic.

Après le feu vert des Autorités anti-trust, la route était donc toute tracée. Pourtant, des bruits courraient ces derniers jours que les choses pourraient se dérouler autrement jusqu’à une confirmation par communiqué de presse Air France-KLM de ce mercredi 4 décembre 2019, que « Air France-KLM et Virgin ont considéré que l’acquisition d’une participation dans Virgin Atlantic n’était plus nécessaire ».

Pour l’avionneur français les choses sont présentées comme une décision doublement gagnante. D’une part, le partenariat avec Delta et Virgin Atlantic resterait aussi profond (plans de vols communs avec partage des coûts et des recettes, harmonisation des forces commerciales et des horaires des vols…). D’autre part, ce maintien d’une si profonde coopération, malgré le renoncement à l’entrée au capital de Virgin Atlantic, permet à la compagnie française d’économiser la somme qui était réservée à l’opération – quelque 260 M€.

On peut aussi envisager que la décision soit celle de Virgin, détentrice de 51 % du capital de Virgin Atlantic. Delta possède en effet les 49 % restant, plafond de participation d’une compagnie extra-européenne dans une compagnie européenne. L’entrée au capital de la compagnie française pouvait permettre à l’Américaine d’avoir la main sur les destinées de Virgin Atlantic. C’est vraisemblablement cette perspective qui a incité Delta à injecter 328 M€ dans le capital d’Air France, obtenant par là même 8 % de ses parts, en 2017.

Mais tout cela n’est que supputations. Pour les vérifier, nous avons posé cinq questions à Air France (AF) : qui a pris la décision de cette non-participation ? Est-ce Virgin pour éviter une majorité AF/Delta au sein de Virgin Atlantic ? L’arrivée, entre temps, de Ben Smith à la tête d’AF, est-elle un facteur expliquant ce changement de cap ? Si le partenariat commercial sans participation est si formidable pourquoi ne l’avoir pas envisagé dès le début ? Que va faire AF des 260M€ prévus initialement pour participation de 31% dans Virgin Atlantic ?

La réponse qui nous a été faite est la suivante : « C’est l’accord trouvé avec Virgin sur une gouvernance simplifiée de la joint-venture qui fait qu’il n’est plus nécessaire d’investir. Pour le reste des questions, nous ne répondons pas, désolé. »

Suite au prochain épisode…