Face aux menaces de grève et à l'arrivée de nouveaux concurrents, le PDG de SNCF Voyageurs se montre confiant dans une interview accordée samedi dernier à France Inter.
Alors que le syndicat Sud-Rail appelle à la grève les conducteurs le 7 mai et les contrôleurs les 9, 10 et 11 mai, période coïncidant avec un grand pont de mai, Christophe Fanichet a voulu rassurer les voyageurs : "Je comprends que nos clients soient préoccupés, je dirais même inquiets de ces appels à la grève", a-t-il reconnu, avant d'affirmer que "des avancées très concrètes" ont été réalisées avec les organisations syndicales sur les revendications concernant les congés, les repos et la commande. Le PDG s'est dit "très confiant" quant à la résolution du conflit.
Une concurrence croissante à deux niveaux
Cette menace de grève survient alors que la SNCF fait face à une concurrence grandissante. "Nous ne pouvons pas nous permettre une grève", a souligné M. Fanichet, craignant que les clients partent "chez nos concurrents" avec "le risque qu'ils ne reviennent pas."
Cette concurrence se manifeste sur deux fronts : les trains régionaux, avec l'exemple emblématique de la liaison Marseille-Toulon-Nice qui sera opérée par Transdev dès fin juin, et les lignes à grande vitesse, avec la présence de Trenitalia et Renfe. Face à cette nouvelle donne, le PDG affiche sa détermination : "Nous voulons gagner et nous ne faisons pas que résister, nous gagnons des parts de marché."
Pas d'entrave à la concurrence
Christophe Fanichet a fermement démenti les accusations selon lesquelles la SNCF entraverait le développement de concurrents comme la Renfe, qui vient d’annoncer le report du lancement de sa ligne TGV entre Toulouse et Barcelone : "Stop à cette rumeur. Nous n'empêchons personne de venir sur le territoire national." L'occasion pour lui de souligner la dimension internationale de l'entreprise, qui "dessert plus d'une cinquantaine de villes en Europe" dans "neuf pays", et qui "opère 40% des voyageurs à grande vitesse en Europe".
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Un appétit croissant pour le train
Cette concurrence intervient alors que le train connaît un regain d'intérêt en France. Christophe Fanichet évoque une "explosion de demande", particulièrement pour les trains du quotidien qui représentent "9 trains sur 10" opérés par SNCF Voyageurs. "En région, c'est 33% de voyageurs supplémentaires sur ces 5 dernières années", précise-t-il, saluant "les présidents de région qui ont une politique tarifaire extrêmement attractive."
Le défi de l'aménagement du territoire
Le dirigeant a mis en lumière la différence fondamentale entre TER et TGV en termes de financement. Pour les trains régionaux, "si vous mettez 1€, la région, elle, met 3€", explique-t-il, soulignant que ces offres sont subventionnées. À l'inverse, "le voyageur qui monte dans un TGV paie 100% de son billet."
Cette distinction soulève un enjeu majeur face à la concurrence : l'aménagement du territoire. Aujourd'hui, "les lignes bénéficiaires paient des lignes déficitaires", permettant de desservir 230 villes. Or, les concurrents "n’arrivent bien sûr que sur les lignes bénéficiaires", ce qui pose la question de la pérennité de ce modèle. "On est très fiers de faire cet aménagement du territoire mais on se sent vraiment seuls aujourd'hui", déplore Christophe Fanichet.
Des prix compétitifs à l'échelle européenne
Concernant les prix des TGV, le PDG rappelle que "le prix de la grande vitesse en France est en dessous de la moyenne européenne". Il détaille la structure des coûts, avec "40% du prix du billet" qui sert à "payer l'infrastructure", un taux "deux fois plus élevé qu'en Italie". Pour rendre le train plus accessible, la SNCF mise sur "l'anticipation", les offres low-cost comme Ouigo "qui permettent à moins de 30€ d'aller à peu près partout en France", et la carte Avantage qui plafonne les prix.