A la suite des déclarations du PDG de la SNCF sur la réinvention du « modèle TGV », nous avons recueillis la réaction du représentant des usagers. Entre les deux lignes, des connexions existent…
Dans une interview accordée au journal Les Echos, le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou en appelle à « réinventer le modèle TGV« , ce qui passe, selon lui, par « un nouveau mode de tarification, plus lisible ».
Cette tarification peu lisible dont il est question, c’est le « yield management », ce système de gestion tarifaire des capacités disponibles avec, pour objectif, l’optimisation du remplissage et du chiffre d’affaires. Originaire de l’aérien, étendu à l’hôtellerie, il fut appliqué au ferroviaire au détriment de la tarification kilométrique, à partir du milieu des années 90 en ce qui concerne la SNCF. Au final : des prix de billets calculés par des algorithmes, par définition opaques, qui font que, comme le reconnaît le Jean-Pierre Farandou, « une partie de (la) clientèle qui achète ses billets au dernier moment les jours de grands départs n’a pas accès à nos meilleurs tarifs. »
Est-ce à dire que c’est la fin du yield management ?
« Ce n’est pas ce que j’ai entendu, réagit Bruno Gazeau, président de la FNAUT (Fédération nationale des Associations d’usagers des transports). M. Farandou n’a pas été très explicite. En tout cas, pour l’heure, il n’évoque pas la fin de ce système mais sa lisibilité pour l’usager, ce qui constituerait une vraie avancée. » Bruno Gazeau est en cela cohérent avec la position de sa fédération : il ne dénie pas l’utilité d’un tel outil pour la SNCF. Il en demande en revanche la lisibilité : qu’à d’obscurs algorithmes soit substitué un affichage clair des tarifs plancher et plafond d’un même billet et une publicité précise des surcoûts induits en fonction des moments de réservation.
Pour peu explicite qu’il ait été, Jean-Pierre Farandou exclut le retour à un tarif kilométrique. Là encore, point de rapprochement avec la FNAUT qui comprend que ce système ne pouvait fonctionner qu’à l’époque ou la SNCF avait la main sur l’ensemble de la chaîne du transport ferroviaire, de la gestion totale des TER à la maintenance des lignes.
Autre dossier à traiter : le prix
C’est en tout cas nécessaire pour que, selon les vœux de son PDG, la SNCF devienne « (l’) une des entreprises les plus aimées, des Français comme des cheminots » La présentation de l’enjeu tarifaire par le cheminot en chef n’est cependant pas exempte d’une certaine ambiguïté puisqu’il la précède d’une mise au point : le tarif moyen d’un billet de TGV n’est « que » de 45 €… la cherté du fleuron SNCF relèverait donc davantage d’une perception que de la réalité. Pourtant, le sujet est donc mis sur la table.
« A la faveur des circonstances de la crise sanitaire, des billets à prix bas ont été mis en vente cet été et le public a répondu présent. Même chose pour les conditions de flexibilité accrues – autre vieille revendication de la FNAUT. Alors, Jean-Pierre Farandou en tire les leçons« , considère Bruno Gazeau. Bien sûr, le représentant des usagers demande à ce que ces bonnes habitudes soient pérennisées.
Jean-Pierre Farandou a précisé que la refonte de ce système de tarification du TGV ouvre un chantier de « six mois à un an ». Le président de la FNAUT espère y être associé. Indicateur qui incite à l’optimisme pour qu’il soit mené à bon terme : entre le PDG de la SNCF et le représentant des usagers, des convergences se font bel et bien jour.